Maitre Saito explique dans cette vidéo qu’il est nécessaire, après le premier temps d’entrée, de "repositionner" le pied, c’est le terme qu’utilise Daniel Boubault dans sa traduction.
Ce repositionnement, n’est rien d’autre en réalité qu’hito e mi. Hito e mi est cette ouverture caractéristique des hanches et du corps, qui place tori à la distance juste, en laissant le passage pour la jambe arrière, lui permettant ainsi d’entrer dans le temps suivant de l’action.
Mais nikyo n’est pas ikkyo.
Ikkyo est un contrôle du coude, un blocage du coude sur la butée olécranienne. Si le mouvement d’ikkyo est poussé à l’extrême, il entraîne une fracture de l'olécrane. Pour cela, le bras d’uke doit être en extension et parallèle au sol jusqu’au bout.
C’est pourquoi il est finalement immobilisé en position horizontale.
Nikyo est différent, il y a bien une sollicitation du coude, maisen rotation, parce que le but est cette fois de contrôler l’articulation de l’épaule. Et pour cela il est indispensable que l’avant-bras d’uke soit mis en rotation à partir du poignet. Et c’est parce que le bras d’uke est mis en rotation depuis le début qu’il est amené en position verticale à la fin du mouvement.
C’est pourquoi il est finalement immobilisé en position verticale.
Et c’est pour bien faire la différence entre ikkyo et nikyo que maître Saito insiste clairement dans cette vidéo sur l’importance de vriller le poignet et le coude d’uke lors de la descente du bras. Car c’est la vrille du poignet et du coude qui permet d’amener l’épaule d’uke au sol et de maintenir son bras vertical.
Raisonnons un instant par l’absurde et imaginons que nikyo se fasse comme ikkyo, sans vrille du bras. Alors il n’y aurait aucune différence, ni dans l’exécution, ni dans l’immobilisation, entre ikkyo et nikyo, ce qui bien évidemment n’a pas de sens.
Et terminer l’immobilisation de nikyo comme celle d’ikkyo, bras parallèle au sol, comme je l’ai vu parfois enseigner, en l’agrémentant d’une malheureuse torsion du poignet au sol aussi méchante qu’inutile, pour "justifier" qu’il s’agit d’un nikyo, est une totale incompréhension du mode d’action de nikyo.
L’immobilisation finale de nikyo - que ce soit en omote ou en ura - se fait toujours bras d’uke vertical, bloqué sur la poitrine de tori, ainsi que le montre maître Saito dans la vidéo. Il n’y a pas d’autre manière.
Philippe Voarino, octobre 2019.