Les six directions extérieures
Les 3 premières directions extérieures sont initiées par le pied avant
Direction extérieure n°2
Dans la direction extérieure n°2, aite, l’adversaire, vient de l’arrière:
Cette deuxième direction extérieure pose un problème qui va nous permettre de gravir un échelon supplémentaire dans la compréhension du déplacement d’O Sensei.
On s’aperçoit en effet que le pied arrière se trouve comme un obstacle dans le chemin du pied avant lors du déplacement de ce dernier vers l’arrière.
Il n’est donc pas possible de respecter le schéma t, t’ que nous suivons depuis le début : pied avant puis pied arrière, ou pied arrière puis pied avant selon les cas.
Cette direction extérieure n°2 est donc l’occasion de révéler que la présentation en deux temps (t, t’), qui a été faite jusqu’à présent du déplacement des pieds, n’était qu’une simplification destinée à faire comprendre ce déplacement, en approchant la réalité du mouvement véritable, mais sans toutefois la pénétrer complètement.
Car l’idée qu’il puisse y avoir deux temps dans le déplacement des deux pieds est encore l’effet d’une pensée duelle : dans le mouvement véritable, t et t’ sont confondus en un temps unique, les pieds avant et arrière bougent ensemble.
Ceci est la conséquence naturelle, inéluctable, de la cause initiale du mouvement qu’est la rotation de l’axe : en tournant sur lui-même comme le fait un cylindre qui se met en rotation, le corps ne peut pas lancer un pied après l’autre, il lance nécessairement les deux pieds en même temps. Nous savons cela depuis les jeux de l’école primaire où l’on attachait deux bouts de ficelle à un crayon que l’on faisait tourner ensuite entre les doigts comme une toupie.
Les temps t et t’ qui sont apparus jusqu’à maintenant chronologiquement séparés, sont donc en réalité simultanés, ils sont un, et cela quelle que soit la direction intérieure et quelle que soit la direction extérieure.
Remarque : nous continuerons cependant à dire que c’est tantôt le pied avant qui initie le mouvement, et tantôt le pied arrière, mais il faut garder à l’esprit que cette formulation est un abus de langage destiné seulement à nous permettre de nous repérer plus facilement dans le mouvement d’horlogerie suisse des 6 directions intérieures et des 6 directions extérieures.
Que t et t’ soient confondus en un temps unique a une conséquence immédiate : la frappe se situe elle-même dans ce temps unique dont elle est la conclusion. Elle ne lui succède pas.
Voilà donc ce que l’on peut dire si l’on veut résumer le processus en anticipant un peu sur les quatre directions extérieures qui restent encore à étudier :
- une cause initiale déclenche la rotation de l’axe corporel dans un sens ou dans l’autre (il n’est pas dit que cette cause soit seulement musculaire),
- cette rotation du corps entraîne les deux pieds simultanément dans un déplacement qui conserve invariablement et rigoureusement des constantes géométriques, quelle que soit la direction, l’ordre des pieds, et le sens de rotation,
- ce déplacement permet à tori de conserver physiquement la maîtrise du centre grâce au pied qui l’y rattache toujours, dans toutes les circonstances,
- ce déplacement respecte à chaque fois la même loi mathématique dans la mise en œuvre des six possibilités d’action offertes à chacun des deux pieds,
- il existe donc 12 manières différentes de faire irimi à partir d’une même position initiale hanmi (24 possibilités si l’on considère hidari hanmi + migi hanmi),
- la frappe fait partie de ce temps de rotation unique qu’elle termine.
RAPPEL IMPORTANT : Dans les six directions extérieures, la hanche irimi est toujours la hanche opposée au pied qui initie le déplacement, que ce soit le pied avant ou le pied arrière (cf. Déplacement d’O Sensei #5).
Dans la direction extérieure n°2, à partir de hidari hanmi, la hanche irimi est donc la hanche droite, et la hanche tenkan est la hanche gauche. La frappe est portée par une rotation des hanches de la gauche vers la droite.
Le symbolisme des six directions prend bien des formes auxquelles on n’attache pas toujours toute l’attention qu’elles méritent.
Philippe Voarino, mai 2014