Maître Saito a mis au point cet exercice de ken tai jo à Iwama, à la fin des années 1980. Il l’a modifié à plusieurs reprises avant de lui donner sa forme finale connue aujourd’hui sous l’appellation de Ken tai jo n°3.

J’ai été témoin de ces modifications progressives et j’ai servi d’uke plus d’une fois au cours de la recherche permanente de Maître Saito.

L’une des formes anciennes, qui a duré longtemps, consistait à exécuter la pique finale en maintenant le jo au-dessus de la tête et la main droite à l’extrémité supérieure de l’arme.

Cette forme est démontrée sur la vidéo :

On peut se demander pourquoi Maître Saito a préféré la forme que nous connaissons aujourd’hui, celle où le jo commence à s’abattre et où la main droite glisse vers le bas au moment de frapper :

La réponse se trouve dans le dossier que j’ai appelé "Des yeux pour ne pas voir".

En effet, puisque dans la réalité la pique "finale" de cet exercice n’est que le moment d’une rotation du corps vers la gauche, qui enchaîne immédiatement une frappe yokomen avec l’extrémité supérieure du jo sur un deuxième adversaire placé à main droite de tori, alors il est nécessaire d’exécuter de cette manière la frappe du flanc gauche du premier adversaire. Cette frappe au flanc doit être comprise comme un temps du yokomen qui va frapper le second adversaire à 180° du premier. Le mouvement complété au moyen de tai no henka est alors parfait.

Je pense que c’est pour cette raison que Maître Saito a adopté pour version définitive de l’exercice d’étude la forme que nous pratiquons aujourd’hui.