O Sensei explique dans l’une de ses conférences qu’il faut en Aikido saisir toutes les lois naturelles de l’Univers, et que par exemple il faut connaître et utiliser la rotation de la terre.
Nous savons que la terre tourne sur elle-même autour d’un axe incliné dont l’angle est de l’ordre de 23° (il varie un peu au fil des millénaires).
Suivons donc l’indication donnée par O Sensei, faisons-lui confiance même si nous ne savons pas où cela nous mène, et mettons en rotation l’image apparue dans le dossier #1 jusqu’à obtenir un angle correspondant à celui de l’inclinaison de la terre:
Pour des raisons qui apparaîtront clairement dans les prochains dossiers, nous avons choisi de sélectionner l’angle de 30° plutôt que celui de 23°. Nous avons ensuite rapporté cet angle dans chaque quartier du cercle circonscrit découpé par les deux diamètres rectangulaires.
Les quatre diamètres ainsi dessinés définissent huit directions principales dont l’origine commune est le centre du cercle.
A vrai dire, cette figure est de lecture un peu difficile pour la raison qu’elle met en scène le vivant, comme nous le verrons quand le moment sera venu. Efforçons nous donc de la modéliser sous la forme d’une figure géométrique qui facilitera la perception des différentes directions.
Voilà ce à quoi nous arrivons:
Les spirales une fois modélisées s’avèrent être des spirales de Bernouilli.
La spirale de Bernouilli, dite aussi spira mirabilis, a une qualité remarquable : l’homothétie.
Quand elle se déplace, quand elle change, elle réapparaît toujours semblable à elle-même (dans le même rapport). Cette qualité est exprimée dans la formule latine que Bernouilli fit graver sur sa tombe : eadem mutata resurgo.
C’est cette spirale qui structure de nombreux phénomènes naturels, des galaxies spiralées jusqu’à la fleur de tournesol, l’artichaut et l’oursin en passant par les tempêtes tropicales.
La qualité d’homothétie de la spira mirabilis fait penser à la phrase de Pythagore :
Tu connaîtras, autant qu’il est possible à un mortel, que la nature est en tout semblable à elle-même.
Or, maître Ueshiba débute l’une de ses conférences de la manière suivante :
L’univers et le corps humain sont une même chose. Si l’on ne sait pas cela on ne comprend pas l’aiki. Parce que l’aiki est issu du mouvement de l’ensemble de l’univers.
Takemusu Aiki - Volume III – Editions du Cénacle de France
Que doit faire le pratiquant d’Aikido devant une telle affirmation du Fondateur ?
Il peut bien-sûr l’encadrer et la suspendre dans sa chambre à côté de celle de Pythagore, ou bien la répéter douze fois par jour à voix haute, ou encore en tirer une dissertation de cent pages… Mais rien de tout cela ne fera avancer la compréhension.
Je vous propose pour ma part une tout autre voie : celle du plan que nous a laissé O Sensei pour notre instruction et que personne, à ma connaissance, n’a expliqué véritablement à ce jour.
Philippe Voarino, mars 2012.