J’ai expliqué déjà que tous les mouvements qui sont étudiés au cours d’un entraînement d’Aikido - j’entends par là les shiho nage, kote gaeshi, irimi nage, kumitachi, kumijo etc. - en quoi l’on voit généralement le contenu de l’Aikido - ne sont pourtant pas encore l’Aikido. Tous ces exercices sont en réalité une vaste préparation à la pratique de l’Aikido, préparation qui s’étale sur des dizaines d’années.

Mais il existe également une préparation à cette préparation. Chaque fois que l’on monte sur un tatami, un certain échauffement du corps est en effet souhaitable. On doit bien cela à ce compagnon fidèle qui va permettre notre étude en étant malmené de mille manières sans jamais se plaindre.

Cette préparation à la préparation porte le nom japonais de jumbi dosa. Certains des exercices qui la composent s’effectuent avec un partenaire, certains autres sont pratiqués de manière solitaire. C’est une sorte de gymnastique d’échauffement du corps, un peu différente toutefois de ce à quoi nous sommes habitués en occident. La vidéo montre l’un de ces exercices pratiqué avec un partenaire :

Deux manières de faire cet exercice sont possibles et correctes donc : kiru et kokyu. Dans un cas la main arrière, placée sous le poignet d’uke, entre avec le sentiment de couper (kiru). Dans l’autre cas la main arrière passe entre les deux bras d’uke avec la forme et le sentiment de kokyu ho.

Cet exercice a notamment pour but d’étirer les chaînes musculaires, et d’assouplir le dos, tout en construisant une certaine puissance du ventre, il ne faut pas le pousser jusqu’au point où uke n’a pas d’autre solution que de chuter, sans quoi il perd son intérêt d’échauffement.

Ce n’est que dans un deuxième temps qu’uke sera amené au sol - sans violence - afin de lui permettre une chute arrière confortable sous forme de roulade, toujours dans l’optique de son échauffement.

Il faut veiller à ne pas introduire la dimension martiale là où elle n’a aucune raison d’être. Qui comprend l’Aikido se garde bien de toute violence : dans la préparation à l’Aikido bien sûr, et à plus forte raison encore dans la préparation à cette préparation qu’est jumbi dosa. La pratique peut éventuellement être tonique, mais la violence est la marque de l’ignorance, parfois de la bêtise.