La vidéo ci-dessus est un prolongement du dossier technique précédent.

Je tiens en effet à insister sur la nécessité qu’il y a d’exécuter ce mouvement de rotation de la lance en étant conscient que les deux extrémités de l’arme frappent simultanément.

L’aiki-jo n’a pas les objectifs esthétiques et sportifs du twirling bâton. Pourtant, depuis la mort d’O Sensei, le jo de l’Aikido s’est progressivement rapproché de cette discipline, il s’est intéressé de manière exclusive au caractère visuel des mouvements, en oubliant leur dimension martiale. Au Japon cependant rien n’est esthétique qui n’a pas avant tout une réalité pratique, la plus belle des tasses doit d’abord servir à boire le thé, et un bâton qui se contente de brasser l’air avec élégance est une curiosité inutile.

Ce que propose et permet le suburi illustré sur la vidéo n’a rien de commun en réalité avec l’art des majorettes. Il s’agit de couper avec une extrémité de la lance la gorge d’un adversaire qui se trouve à main gauche, et de trancher avec l’autre extrémité – dans le même temps – le jarret d’un adversaire qui se trouve à main droite, ou vice versa. Dans l’art d’O Sensei, le ciel et la terre frappent ensemble, de manière complémentaire, ils le peuvent parce qu’ils sont unis dans la même rotation, dans la même spirale.

Il faut s’entraîner à cela, il faut s’entraîner en mettant cet esprit-là dans l’exercice si l’on veut en tirer un quelconque profit, il faut tester cette manière de frapper sur des sacs, le tanren est indispensable.

La longueur idéale de la courte lance, sa robustesse, et ses deux lames permettent cette double frappe. Cette technique s’apparente, dans son principe, à la frappe en rotation avec les deux sabres, utilisée par Miyamoto Musashi.

L’esthétique ne doit pas être recherchée en soi, elle naît seulement et naturellement du mouvement nécessaire, pour la simple raison que ce mouvement est juste, il n’est ni trop ni trop peu. Dans le domaine martial, le superflu est une condamnation à mort.