Technique oubliée #1 - Shiho nage, irimi nage... ?

Les variations des formes auxquelles donne naissance l’Aikido sont comme celles de la vie : en nombre indéfini. Ce qui devrait nous faire réfléchir sur l’à-propos de notre très cartésien souci d’établir des catalogues.

O Sensei, lui, n’avait pas de catalogue. Ses mouvements naissaient spontanément, sans préméditation. Les plus classiques d’entre eux ont été retenus avec plus ou moins de bonheur et sont au programme de nos formations et de nos examens. D’autres en revanche n’ont pas traversé le temps.

Nous avons une fâcheuse tendance à ranger systématiquement ces formes parmi les vestiges d’un passé révolu de l’Aikido : Aiki jujutsu ou Aiki budo. C’est une erreur, O Sensei a pratiqué jusqu’à la fin de sa vie beaucoup de ces formes aujourd’hui oubliées et elles sont une manifestation très pure de Takemusu Aiki.

Nous les avons simplement perdues.

Aite : ryo kata dori.

  1. Sortez de l’axe d’attaque d’aite en le déséquilibrant vers sa droite.
  2. Passez la tête sous le bras de sa jambe avant. Vos bras en « kokyu » vous protègent d’un éventuel coup de genoux.
  1. Le déplacement des pieds est celui de happo giri : 270°.
  2. A la fin de la rotation, votre bras monte à la verticale pour crocheter la tête d’aite.

Si le bras ne monte pas verticalement, vous ne pouvez pas crocheter la tête d’aite. De même si vous ne tournez pas suffisamment.

Comment appeler une telle technique ? Shiho nage, irimi nage... ? Elle est difficile à définir car elle emprunte des éléments à des mouvements qui sont classés dans nos catalogues dans des rubriques différentes. Et il y a de fortes chances qu’on l’ait oubliée justement parce qu’on n’a jamais pu lui donner un nom qui la distingue et qui permette de la retenir.

Rappelons qu’O Sensei n’a jamais donné de nom aux mouvements qu’il pratiquait.
L’attribution de noms aux techniques — qui n’est pas un choix d’O Sensei mais de ses élèves — semble donc une très bonne initiative et le judicieux moyen qui a permis de les transmettre à la postérité.

C’est indiscutablement vrai d’un certain point de vue. Mais toute chose renferme son contraire.
Et ce souci de nommer les techniques est en même temps l’élément réducteur qui les a figées dans des formes sans vie que nous rangeons aujourd’hui dans des compartiments.

Cette excellente chose du point de vue du sens commun : l’attribution de noms aux techniques, est à l’origine d’une profonde incompréhension de l’Aikido dans le monde moderne.
Que faut-il donc faire ? Le savoir. Et ne pas focaliser son attention sur des choses secondaires.