Dès que l’on nomme quelque chose on le manque. Voilà sans doute pourquoi les discours d’O Sensei étaient si difficiles à comprendre, il ne nommait rien.
Mais afin de purger un tant soit peu notre souci de comprendre une action en la décomposant, quitte à revenir un jour sur ces notions relatives, il n’est pas inutile de rappeler qu’on peut agir à différents moments de la dynamique générée par l’adversaire.
Traditionnellement au Japon on enseigne trois niveaux de pratique :
- Agir en réaction à l’attaque de l’adversaire, c’est go no sen,
- Agir pendant le développement de l’attaque adverse, c’est tai no sen,
- Agir en anticipation de l’attaque adverse, c’est sen no sen.
La vidéo illustre ici tai no sen avec la technique ushiro ryote dori kote gaeshi :
Go no sen se traduit par une pratique de type kotai : l’adversaire a eu le temps d’appliquer sa force et il faut faire avec.
Tai no sen se traduit par une pratique de type jutai : union avec la dynamique du mouvement adverse, en se conformant à l’écoulement de son énergie (ki no nagare).
Sen no sen se traduit par une pratique de type kitai : il ne s’agit plus de s’harmoniser avec le mouvement de l’adversaire, mais au contraire de diriger ce mouvement, par le corps et par l’esprit.
On peut comprendre intellectuellement la différence qu’il y a entre go no sen et tai no sen, même si on ne la comprend pas avec le corps, en revanche il est impossible de comprendre sen no sen intellectuellement. Seule une pratique où le corps et l’esprit parviennent à s’unir peut mener à la compréhension de ce type d’action. C’est à un tel niveau qu’évoluait O Sensei.