Shiho nage : Kihon martial
La forme la plus basique du kihon de shiho nage est celle qui demande à tori de se déplacer à 90° par rapport à uke, préalablement à l’entrée sous le bras. Ce déplacement, qui s’effectue au moyen de deux pas pour ouvrir le corps en hito e mi, est fondamental et prend tout son sens pédagogique dans le travail statique (kotai). C’est lui qui permet notamment de comprendre quels sont les axes du déséquilibre d’uke dans la technique shiho nage d’enroulement du bras.
Mais une fois que cette forme a été utilisée pour les nombreux avantages qui sont les siens au niveau de l’apprentissage, il faut comprendre que ses qualités pédagogiques ne lui donnent pas pour autant une réalité martiale, car d’une part elle est lente, et d’autre part elle expose le dos de tori à un adversaire qui viendrait sur le côté.
Il est donc nécessaire de s’entraîner ensuite dans la forme plus directe, qui utilise bien le même déséquilibre initial d’uke, mais en le créant cette fois de manière immédiate, sans passer par les deux pas de côté à 90°.
En effet, ce n’est plus par un déplacement du corps sur le côté que l’on parvient désormais à entrer sous le bras d’uke, c’est par une simple rotation de l’axe vertébral sur lui-même, qui ouvre instantanément le corps en hito e mi, permettant ainsi l’extension correcte du bras d’uke, et l’entrée ultérieure avec la jambe arrière.
Il s’agit là de la forme martiale de shiho nage omote : elle est rapide, parfaitement efficace et n’expose pas le dos. C’est elle qui est démontrée sur la vidéo, c’est elle qu’utilisait maître Saito quand il n’enseignait pas la forme de base.
Il est bon de pratiquer ce mouvement lentement, en concentrant l’étude sur la rotation du corps et la bonne extension du bras d’uke, tout en ménageant ce dernier dans sa chute. Si shiho nage est appliqué martialement, à pleine puissance, par un pratiquant expérimenté, c’est une technique létale, elle est conçue pour briser la nuque.
Toute pratique dangereuse doit être bannie du dojo, l’entraînement d’Aikido n’est pas un rapport de force, il faut garder à l’esprit qu’uke nous prête son corps pour nous permettre de progresser sur une voie, et que nous lui sommes redevable. Comment voir un conflit dans ce type de rapport ? La voie dont il s’agit ne mène pas à la violence, elle ouvre le cœur des hommes pour leur permettre de reconnaître l’autre comme un autre soi-même, et de comprendre l’interdépendance de toutes choses qui fait de l’univers une seule famille. Tout est lié, tout conflit peut être ramené à l’harmonie, l’Aikido éclaire cette vision du monde.