Shichi no awase est un exercice d’awase (harmonisation) qui utilise comme base le suburi n°7 (shichi), d’où le nom de l’exercice.
Il commence en hidari no kamae (garde à gauche) :
Dans le premier temps, uchi tachi attaque uke tachi avec yokomen, et celui-ci répond avec shomen :
Dans le deuxième temps, uke tachi chasse le sabre d’uchi tachi hors de la ligne d’attaque :
Pour fermer toute ouverture, le sabre d’uke tachi ne doit pas quitter sa place dans la ligne centrale, ce qui se produit quand la frappe sur le sabre d’uchi tachi est effectuée avec une trop grande amplitude. Le mouvement doit rester court, écartant le sabre d’uchi tachi seulement de l’espace nécessaire à l’entrée du tsuki :
Cet espace a l’épaisseur du passage d’un sabre, et une brève impulsion suffit à l’ouvrir. Il faut se défaire de l’idée qu’il est nécessaire de chasser très loin et dans un grand mouvement le sabre d’uchi tachi.
Car il n’y a pas en réalité deux mouvements, un pour écarter le sabre et un autre pour piquer avec tsuki, il n’y a qu’un seul mouvement. Le sabre adverse est écarté par la vertu même du tsuki, qui est exécuté avec une sorte d’enroulement de la lame d’uchi tachi :
Attention
Il ne faut pas piquer en hanmi car hanmi est une position, ce n’est pas un moment de l’action.
Hanmi doit précèder et suivre l’action, mais le moment de la frappe est en kenka goshi (pieds en carré), ceci est une règle générale valable pour tous les mouvements d’Aikido, c’est le fameux carré qui suit le triangle formé par le corps en hanmi, et auquel on accède par l’ouverture hito e mi.
Prendre la position hanmi oblige à s’éloigner d’uchi tachi, ce fait biomécanique peut aisément être vérifié. C’est une conséquence inévitable de l’effacement de la hanche arrière. Et il est impossible de compenser ce retrait du corps par une projection des bras vers l’avant puisque ceux-ci n’ont pas d’autonomie, et ne peuvent agir - en Aikido - qu’avec l’ensemble du corps.
On comprend dès lors que cet éloignement soit incompatible avec la notion d’irimi qui exige au contraire qu’on se rapproche de l’adversaire.
En revanche, cet éloignement est parfaitement nécessaire pour retirer la pointe de la lame du corps de l’adversaire quand l’action est terminée et qu’une autre doit débuter… avec hanmi précisément :
La boucle est ainsi bouclée, de hanmi à hanmi par hito e mi et kenka goshi et les techniques peuvent s’enchaîner dans un cycle immuable, toujours sur le même modèle.
L’efficacité martiale n’est possible qu’en répondant de la même manière dans toutes les circonstances, un "catalogue" de solutions demeure inapplicable. La très grande diversité des attaques et des situations, tout comme leur soudaineté, exigent une réponse unique.
L’Aikido est la voie qui s’efforce de trouver le Un à partir du multiple, et qui répond à la multiplicité par le Un. Les techniques d’Aikido, sous des apparences différentes, et aussi innombrables soient-elles, naissent toutes d’un déplacement fondamental unique. C’est la grande découverte d’O Sensei. Irimi-tenkan est le nom de ce principe de déplacement, tai no henka est le nom de sa mise en application, tai sabaki est le résultat de tai no henka. Les techniques sont des contingences, ce ne sont que des conséquences de peu d’importance, c’est en ce sens qu’elles doivent être "oubliées".