Il n’est pas toujours possible de frapper avec shomen. Si j’attaque par exemple un adversaire qui est en garde jodan no kamae en face de moi, je ne peux pas le faire avec shomen sans me découvrir et être immédiatement embroché. C’est pourquoi j’aurai recours à yokomen dans un tel cas (et il y en a d’autres évidemment).
Mais pourquoi faire yokomen quand on peut faire shomen ?
Dans la première frappe du kumitachi n°5, uchi tachi attaque le premier avec shomen uchi komi. On pourrait parfaitement dans un tel cas répliquer également avec shomen, puisque c’est bien ce qu’on fait dans une situation identique avec les exercices de migi awase ou hidari awase.
Puisque shomen est plus court et plus puissant que yokomen, pourquoi - si shomen est possible - répondre à l’attaque avec yokomen ? Pourquoi faire yokomen si yokomen n’est pas obligatoire ?
Aucun mouvement d’Aikido n’est fait par hasard, et on ne peut comprendre ces mouvements quand on pratique de manière automatique, sans reconnaître à chaque fois pourquoi une chose doit être réalisée plutôt qu’une autre.
Dans le début de ce kumitachi n° 5, le yokomen d’uke tachi semble être sa première attaque, mais ce n’est là qu’une apparence. Cette apparence est la conséquence inévitable de la pratique de l’exercice sur une ligne unique, avec un seul partenaire, dans le cadre de la méthode.
Le yokomen est en réalité la deuxième frappe d’uke tachi, c’est la conséquence de la frappe initiale d’uke tachi avec le pommeau du sabre (tsuka) sur un premier adversaire, comme le montre la vidéo :
Après avoir frappé ainsi avec la tsuka, le ken ne peut faire autrement que de tourner au-dessus de la tête de la droite vers la gauche, et cette condition est celle d’un yokomen, elle interdit shomen.
Si l’on veut comprendre les raisons des mouvements d’Aikido, il est indispensable de travailler
avec quatre adversaires. Ces raisons n’apparaissent pas dans le travail en ligne contre un adversaire unique, c’est-à-dire dans la méthode. Quelle que soit la clairvoyance de celui qui
étudie ces choses, il lui est impossible de retrouver dans ce type de travail les informations qui sont fournies seulement par le travail dans les quatre directions. Le travail rotatif de l’Aikido ne peut apparaître sur une ligne, il ne peut se manifester que dans les quatre directions.