Lettre ouverte en réponse à une interview d’Olivier Gaurin par Guillaume Erard.

http://www.guillaumeerard.fr/aikido/entretiens/entretien-avec-olivier-gaurin-un-aikidoka-sur-la-voie-de-la-disgrace

English version : https://aikidotakemusu.org/en/the-shadow-of-the-daito-ryu/

Bonjour Olivier.

Nous ne nous connaissons pas, et pourtant nous avons, dans nos parcours respectifs, beaucoup de coïncidences qui auraient pu permettre notre rencontre. Je prends donc le parti de te tutoyer, en espérant que tu acceptes cette facilité pour ce qu’elle est: une manière de donner à notre conversation le tour le plus naturel et le plus amical possible.

Je ne te réponds pas en effet pour satisfaire le plaisir des amateurs de polémiques. J’écris parce que ton interview soulève à mon sens des problèmes importants pour tout pratiquant d’Aikido. Ces questions sont habituellement noyées dans la confusion générale de l’Aikido moderne. Tu as le mérite de ne pas les éviter.

Nous avons tous deux commencé l’Aikido au milieu des années 70. En 1984 j’ai vécu quelques mois à Paris et je me suis entraîné à Vincennes où Christian Tissier m’avait accueilli avec beaucoup de gentillesse. J’ai connu les camarades d’entraînement dont tu parles: Jean Michel Mérit, Patrick Bénézi, Philippe Gouttard, Bernard Palmier, etc. Il est donc très vraisemblable que nous ayons échangé à cette époque quelques shiho nage dont nous avons l’un et l’autre perdu la mémoire.

Nous sommes tous deux partis pour la première fois au Japon la même année, en 1986. Toi, si j’ai bien lu ton interview, « sur la voie de la disgrâce », pour découvrir le plus de maîtres possible, et pour avoir fait le tour d’un enseignement séduisant par son « panache », mais dont la soif de pouvoir et l’ambition commerciale ne te convenaient plus. Moi, pour y chercher, auprès d’un maître unique, l’enseignement des fondamentaux de l’Aikido que je ne trouvais pas auprès de maître Tamura.

L’étude quasi exclusive du nagare pendant mes dix premières années d’Aikido, et le flou technique qui entourait cette pratique m’avaient convaincu qu’on ne peut décidément pas courir avant d’apprendre à marcher. Et j’ai depuis expliqué sur le site TAI que l’impasse dans laquelle était parvenu l’Aikido moderne était la conséquence d’une rupture avec l’étude des bases techniques, sans la maîtrise desquelles le nagare n’est qu’un jeu de rôles. Cette idée, nous la partageons puisque tu dis toi-même:

Le "Nagare"(…) est la caractéristique typique de l'Aikido développé après la mort du fondateur. Cette "utilisation en dynamique de l'Aiki", c'est ce qui fait en quelque sorte la particularité de l'Aikido dit "moderne". Et à l'Aikikai, l'accent a très vite été mis sur ce versant unique de l'Aiki. On peut aujourd'hui en voir les effets positifs et négatifs.

Les effets négatifs du nagare, quand on ne travaille comme tu le dis que sur ce versant unique de l’Aiki, c’est selon moi l’impossibilité de comprendre les bases techniques précises des mouvements que l’on pratique, et donc l’impossibilité de les exécuter correctement. Ici également il semble bien que nous pensions de la même manière puisque tu expliques:

les techniques avancées de Daito-ryu sont des techniques de Nagare, dynamiques et sans confrontation (…) O Sensei faisait ça à ce haut niveau, mais ses élèves ont donc été réduits à assister à cette forme très avancée du Daïto-ryu sans pouvoir passer par les bases inférieures pour les comprendre.

Mais Olivier, si cela est vrai, et ce n’est pas moi qui te contredirai, alors aucun des professeurs de l’Aikikai dont tu as suivi les cours en arrivant au Japon ne pouvait avoir la moindre idée des bases dont tu parles. Yamaguchi pas plus qu’un autre dont tu dis toi- même:

Yamaguchi Sensei était la représentation la plus profonde d'un type d'Aikido qui s'appelle le Nagare

Tu nuances il est vrai cette méconnaissance générale des bases en expliquant que certains élèves d’O Sensei les avaient tout de même apprises de manière indirecte:

Des gens comme Yamaguchi ou Watanabe Sensei qui, bien qu'ils démontraient une connaissance assez approfondie des bases de Daito-ryu, ne savaient pas qu'ils les possédaient, car elles leur ont été enseignées indirectement.

Je serais curieux de savoir en quoi a pu consister exactement ce mode indirect d’apprentissage, dans la mesure où l’enseignement d’O Sensei, en nagare donc, fut le même pour tous les élèves de l’Aikikai dans ces années 1950-1960. En tout cas, et contrairement à toi, je ne crois pas une seconde que l’étude d’autres arts martiaux ait pu aider en quoi que ce soit des élèves comme Yamaguchi ou Tamura à comprendre les bases structurelles des mouvements qu’O Sensei démontrait sous leurs yeux en nagare. D’ailleurs le crois-tu vraiment, toi qui apprend aujourd’hui le Daito ryu avec des professeurs capables de désigner clairement les fondamentaux à acquérir, et qui mesures, malgré ces conditions idéales, la somme d’efforts nécessaires à acquérir une définition scrupuleuse et rigoureuse des techniques de l’école ? Comme de nombreux professeurs de l’Aikikai j’ai tenté cette voie, j’ai cherché à mieux comprendre l’Aikido à travers l’étude de disciplines comme le iaido, le ken jutsu et le jodo. Cela ne marche pas, j’expliquerai pourquoi un peu plus loin en répondant à tes arguments sur l’enseignement des armes.

Mon analyse est donc la suivante: chaque élève de cette époque s’est imprégné comme il a pu, et à la mesure de ses capacités, des mouvements d’O Sensei, en reconstruisant avec plus ou moins de bonheur, à partir du produit élaboré qu’était le nagare, les composants élémentaires, les fondamentaux qui le rendaient possible en vérité. Dans ce contexte, la devise de Tamura « il faut voler la technique », se comprend comme une brulante nécessité. Yamaguchi, Tamura, et quelques autres étaient des gens doués qui ont très certainement fait un bout de chemin dans cette voie, et découvert certaines bases par eux-mêmes.

A cet égard, je comprends parfaitement ton sentiment quand tu dis:

Personnellement, c'est seulement lorsque j'ai commencé l'étude du Daïto-ryu Aiki-jujutsu que j'ai compris pourquoi Yamaguchi Sensei faisait ses mouvements comme ceci ou comme cela.

Je te comprends, parce que ce sentiment ce fut le mien à mon retour du Japon. En voyant de nouveau maître Tamura après mon premier séjour à Iwama, ma réaction fut: « il a complètement changé sa technique », avant de me rendre compte évidemment qu’il n’avait rien changé du tout, mais simplement que c’était moi qui étais enfin capable de reconnaître les bases furtives mais suffisamment nettes des mouvements, sous le voile jusque là opaque du ki no nagare.

C’était une véritable révélation, mais quand j’y repense aujourd’hui, je me dis qu’il était au fond de bien peu d’importance pour les élèves que nous étions, que nos professeurs respectifs aient plus ou moins intuitivement retrouvé certaines bases, puisqu’ils étaient en réalité incapables de les enseigner pour ce qu’elles étaient. Ils ne pouvaient pas transmettre ce qu’ils ignoraient eux-mêmes posséder, comme tu l’as bien vu. Ou plutôt, ils ne pouvaient le transmettre que de la manière dont ils l’avaient appris eux-mêmes. Et « cet échange de complicité très intime de cœur à cœur » avec un sensei, que tu mentionnes, est sympathique bien sûr, nécessaire même, mais ne suffit pas à mon sens si le bagage technique authentique n’est pas là aussi dans sa claire définition. Cette claire définition a toujours fait défaut. Je me souviens de keiko entiers à l’Aiki club de Cannes avec Tiki Shewan, Daniel Leclerc, Werner Meier, consacrés à rechercher la définition, la base fondamentale d’ikkyo. Cela changeait toutes les deux semaines. Certains diront que c’est l’évolution. Non, la réalité c’est que nous avancions à tâtons, dans le noir, et tentions sans nous en rendre compte de refaire, seuls et sans information véritable, le parcours d’O Sensei, guidés que nous étions non pas par des « aveugles » – comme tu le dis en poussant un peu le bouchon – mais certainement par des malvoyants.

Pour que les écailles tombent enfin de nos yeux, il a donc fallu à toi l’étude du Daito ryu, à moi l’enseignement d’Iwama. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes. On peut comprendre en effet que ce sentiment très fort d’un dévoilement des techniques de base, d’une révélation soudaine, soit intervenu pour toi en entrant au Daito ryu, car en passant cette porte tu « quittais » l’école de l’Aikido pour l’école des origines de l’Aikido. Mais moi qui entrais seulement dans le dojo d’Iwama, moi qui restais donc dans le giron de l’Aikido, comment ai-je pu vivre – au sein de cette même école – une expérience en tout point comparable à la tienne, riche des mêmes sensations, du même contraste absolu, et des mêmes révélations ?

Ma réponse est la mesure au fond de ce qui sépare nos deux itinéraires, Olivier: c’est parce que j’ai posé mes valises sans le savoir, un matin de février 1986, dans un no man’s land, un lieu à mi chemin entre le Takeda ryu et l’Aikikai, un lieu étrange où enseignait un élève resté quelque peu en arrière de l’évolution personnelle d’O Sensei, un maître à mi-chemin entre le Daito ryu et l’Aikido.

Tu déclares avec peut-être une trop grande certitude:

Aucun élève d'après-guerre n'apprit jamais directement [d’O Sensei], je dis bien "directement" les anciennes techniques du Daïto ryu qu'il avait héritées de Takeda Sokaku. Or, Saïto Sensei commença l'étude de l'Aikido en 1946 (...)

Je dirai avec plus de prudence que personne ne peut dire avec certitude ce qu’O Sensei a ou n’a pas enseigné à son élève Saito. Mais je peux en revanche témoigner en connaissance de cause de la manière dont Saito enseignait, et je garantis que ce n’était pas du nagare. Je l’ai vu devant moi reprendre vertement son élève Tomita qui pensait que son 7 ème dan le dispensait du laborieux travail statique kotai qui était la règle à Iwama. Et j’aurais pu écrire au mot près cette phrase qui est de toi:

En Daito-ryu on commence par le jutsu de base, des techniques primaires qui font comprendre le sens de l'Aiki, mais de façon pratique et statique. C'est ennuyeux le Daito-ryu au début pour nous Aikidoka, on ne bouge pas et eux nous attrapent comme des bœufs pour nous faire mal. Cela crée par contre la nécessité de comprendre pourquoi ce que l'on fait ne marche pas, et pourquoi il vaudrait mieux que ça marche.

J’aurais seulement remplacé Daito ryu par Iwama style. En revanche, je ne suis pas d’accord quand tu poursuis:

Ce constat n'existe pas en Aikido, puisque si on résiste, on nous dit juste de faire autrement, de suivre, d'apprendre, qu'on est pas bon, qu'on est nul, qu'on n'est pas fort, etc. j'en passe et des meilleures".

Parce que tu fais allusion ici à une conception de l’Aikido qui est largement répandue, à laquelle toi comme moi avons été confrontés à nos débuts, mais qui ne s’applique pas partout, pas au Yoshinkan de maître Shioda par exemple, et pas au dojo d’Iwama, où « ce constat » a toujours existé.

Quand le premier partenaire de mon ami Paolo Corallini sur le tatami d’Iwama lui attrapa le poignet, il fut incapable de bouger. Paolo était à l’époque 4 ème dan par André Nocquet, 4 ème dan de nagare donc, son partenaire, un américain de bonne corpulence, était ceinture blanche. Ce genre d’incident était quotidien à Iwama, personne n’a jamais songé à se plaindre et à rejeter une faute quelconque sur uke. En kotai uke tient solidement, c’est normal, à tori de trouver son chemin. La pratique régulière au dojo d’Iwama c’était kotai

Pendant tout le temps que j’ai passé à Iwama, j’ai vu une seule fois maître Saito enseigner en nagare. C’était au cours d’aiki ken du matin, il tentait visiblement une expérience: nous faire évoluer progressivement vers une pratique plus fluide. Cela a duré deux jours. A la fin du deuxième entraînement, il a dit « damé !», et nous sommes revenus le matin suivant à notre pratique kotai. Et il avait raison, deux jours avaient suffi pour que tout le monde commence à jouer au petit samouraï. La pratique imposée par maître Saito était à l’opposé donc de la dérive « tout nagare » de l’Aikido moderne que tu décris avec une lucidité qui ne mâche pas ses mots:

Les élèves d'O Sensei à la fin de sa vie ont appris à jouer les mouvements qu'il leur montrait sans passer par les bases indispensables à faire de telles ou telles façons, ou dans telle ou telle situation. On a donc finalement des techniques qui ne marchent que dans certaines conditions de facilité ou de connivence, mais c'est tout. C'est ça qui a créé le problème fondamental de l'Aikido dit "moderne": c'est un Aikido de Nagare qui ne marche pas si on s'arrête dans les mouvements où on tombe sur plus fort que soi. On est donc obligé d'inventer des trucs pour faire en sorte que cet Aikido marche quand même. Mais c'est très improbable de retomber sur les bases réelles et justes de cette manière. On a donc un décalage entre ce qui se fait et ce qui devrait se faire.
[...]
C'est donc un peu le foutoir en Aikido aujourd'hui. Et c'est le problème de l'Aikido actuel ; cet Aikido n'a plus de repères, plus de bases Aiki. Chacun y va donc de sa petite cuisine.

Je partage pleinement cette vision.

Maintenant, quelle information pouvons-nous tirer de l’enseignement sans nagare, systématiquement statique et en puissance qui était la règle à Iwama? Celle-ci je crois: maître Saito reçut d’O Sensei un enseignement qui lui permit de connaître et de comprendre les techniques dans leur définition la plus élémentaire, et qui lui permit par la suite d’enseigner lui même ces techniques d’une manière statique, précise, rigoureuse et systématique, sans aucun recours au ki no nagare.

De quelles techniques parlons-nous, me diras-tu. Et bien, tout comme toi, je dis que les kihons que j’ai étudiés en kotai à Iwama pendant des milliers d’heures, n’étaient pas les techniques originelles du Daito ryu, telles qu’apprises dans leur forme pure à Morihei Ueshiba par Sokaku Takeda, à Hokkaido, dans les années 1915-1917. Je pense par ailleurs qu’il n’y avait pas de raison que maître Saito récupère mieux qu’un Yamaguchi ou qu’un Tamura les bases constitutives du mouvement, à partir d’un nagare permanent d’O Sensei. Je ne crois pas davantage qu’il ait pu parvenir seul à la connaissance encyclopédique du kihon qui était la sienne, en d’autres mots je ne crois pas qu’il ait inventé ce qu’il enseignait. Et à supposer même que c’eut été le cas, j’ai éprouvé personnellement et je connais suffisamment la conscience scrupuleuse qu’avait maître Saito de son devoir historique envers O Sensei, pour affirmer qu’il n’aurait jamais attribué à Morihei Ueshiba une invention de son cru, jamais fait passer son enseignement pour celui de son maître.

Alors quoi ? D’où Saito tirait-il sa connaissance technique des bases, du kihon, puisque c’est bien cela qu’il enseignait quasi exclusivement, et que pouvait-il bien enseigner sous cette forme élémentaire puisqu’il ne s’agissait pas des techniques du Daito-ryu ?

Et bien voilà Olivier: ton analyse fait mouche à mon avis sur beaucoup de points, mais tu la fondes sur une continuité de la pratique d’O Sensei par rapport au Daito-ryu. Tu dis par exemple:

Beaucoup de gens ne veulent pas l'admettre, mais techniquement parlant, Moriheï Ueshiba Sensei n'a jamais cessé de faire du Daïto-ryu toute sa vie.
[ ...]
Ce que faisait O Sensei en Aikido d'après-guerre est en fait des techniques de Daito-ryu de très haut niveau.

Cette interprétation nous sépare. Je ne nie pas évidemment l’origine Daito-ryu de shiho nage, kote gaeshi, irimi nage etc. Personne ne conteste je pense l’importance du Daito-ryu dans la formation de Morihei Ueshiba. Seulement, je dis moi qu’il n’y a pas eu continuité mais au contraire rupture entre l’enseignement de Sokaku Takeda et celui d’O Sensei. Tu mentionnes cette rupture en la ramenant à des problèmes réels mais qui demeurent, selon moi, mineurs:

Moriheï Ueshiba avait divers problèmes avec Takeda Sokaku, financiers ou autres. En particulier, O Sensei ne pouvait pas enseigner le Daito-ryu sous ce nom là puisqu'il ne possédait pas d'autorisation d'enseigner.

Je ne crois aucunement qu’O Sensei ait fondé l’Aikido parce qu’il n’avait pas l’autorisation d’enseigner le Daito ryu. La rupture entre Takeda et Ueshiba est à mon sens beaucoup plus fondamentale: elle est technique. Ueshiba a modifié un fondement du Daito ryu: la position shikaku, la position carrée des pieds. Il a adopté – vraisemblablement dans les années 1920 – la position sankaku (hanmi). Cette modification technique n’est pas un détail. Pourquoi ? Parce que le fait de débuter une technique dans la position triangulaire plutôt que dans la position carrée a une incidence d’une part sur la manière très concrète d’exécuter cette technique, et d’autre part sur la mobilité dans l’espace de tori, et donc sur sa capacité de réponse dans les huit directions.

Attention, je ne dis pas que la position triangulaire ne soit pas utilisée dans le Daito ryu, dans le cours de telle ou telle technique d’effacement du corps, je dis que la position triangulaire n’est pas la garde fondamentale unique de l’art, ce n’est pas la position de laquelle on part systématiquement pour exécuter chaque technique, et celle à laquelle on revient systématiquement une fois la technique terminée. Cette exigence hanmi est propre à l’Aikido, elle est répétée avec une insistance significative par O Sensei dans son livre « Budo », elle est imposée au débutant qui effectue son premier cours, elle n’existe pas comme telle dans le Daito ryu. Tu acceptes d’ailleurs cette spécificité de la position hanmi en Aikido, puisque tu dis:

Peu de gens savent [...] d'où vient cette position de Hanmi si caractéristique et fondamentale à l'Aikido par rapport au Daïto-ryu.

Et c’est sans aucun esprit de provocation que je plagie ta phrase pour aller plus loin encore que toi: peu de gens oui, et peu de gens au sein même du Daito-ryu, savent d'où vient cette position de hanmi si caractéristique et fondamentale à l'Aikido par rapport au Daito-ryu. Ils ne le savent pas parce qu’ils n’ont aucune idée de la raison pour laquelle Morihei Ueshiba a rompu un beau jour avec les fondements de leur école. Cette raison – j’essaie de l’expliquer depuis quelque temps sur le site TAI dans les dossiers « Roppo » – c’est qu’il n’est pas possible de travailler dans les 360° du cercle à partir d’une position carrée. Seule la position triangulaire hanmi permet de travailler à tout moment et instantanément dans toutes les directions de l’espace, en donnant vie à cette fameuse position des six directions (roppo). Et que les pratiquants du Daito-ryu appellent Aikido leur pratique nagare, comme tu le rappelles, ne fait que justifier la fameuse phrase de maître Ueshiba:

Ce que je nomme Aiki n’a rien de commun avec ce que l’on a appelé Aiki dans les arts martiaux jusqu’à présent.

Cette phrase d’O Sensei devient même, dans le contexte de l’explication que je donne ici, un argument de poids.

Je ne doute pas qu’il existe, à un niveau avancé du Daito ryu, une version nagare de ces techniques de base étudiées si longtemps par les pratiquants dans leur seule version statique, et je ne doute pas qu’il y ait des variations importantes entre kihon et nagare du Daito-ryu. Mais je ne vois aucun indice concret, dans les techniques de base du Daito-ryu, d’un travail futur qui tiendrait compte des huit directions. Or ces indices existent bel et bien, dès le départ, dans les techniques de base de l’Aikido telles que les enseignait maître Saito, et le premier d’entre eux est hanmi.

Quand j’écris en effet que Saito sensei se situait entre le Daito-ryu et l’Aikido, c’est une image destinée à faire comprendre qu’il avait à l’égard du kihon une « attitude, une démarche Daito-ryu », en revanche, le contenu de ce kihon n’était pas celui du Daito-ryu. Et cela pour la même raison qui avait éloigné O Sensei du Daito-ryu: Morihiro Saito, comme son maître Ueshiba, pratiquait en donnant une importance primordiale au hanmi, c’était le cœur de son enseignement. Or hanmi n’est pas le cœur de l’enseignement du Daito-ryu.

Et c’est pour cela que j’affirme, au contraire de toi, que le travail fondamental d’O Sensei entre les années 1930 et les années 1960 n’a pas été d’affiner chaque jour davantage sa compétence dans les techniques de haut niveau du Daito ryu. Son travail a consisté à fonder les bases nouvelles d’un art sorti du ventre du Daito ryu, mais qu’une modification génétique majeure vouait à se développer d’une manière radicalement différente – et ce mot est à prendre ici dans son sens étymologique. Les kihons du Daito ryu « ne collant plus » avec les lois nouvelles du déplacement d’O Sensei, il a dû créer – non pas à partir de rien, à partir de sa connaissance encyclopédique du Daito-ryu bien sûr, mais en tenant compte désormais des exigences nées de la garde roppo– les kihons de l’Aikido. C’est à ce travail là que Saito a participé comme uke, parce qu’il a vécu avec O Sensei pendant 23 ans entre 1946 et la mort du Fondateur. Aucun autre élève que Saito n’a été uke pour O Sensei pendant une aussi longue période, et surtout aucun autre élève n’a vécu avec lui aussi longtemps. Recevoir les cours d’un maître et vivre avec lui sont deux choses différentes. Que cette situation soit affaire de destin ou de hasard, on ne peut pas botter en touche une telle réalité en la ramenant comme tu le fais à un point de détail:

On dit par exemple que Saïto Sensei a reçu plus que les autres, je veux bien, mais ça reste dans une période très circonscrite par rapport à la longue évolution [d’O Sensei].

23 ans de vie commune avec le Fondateur de l’Aikido ce n’est pas « une période très circonscrite », et c’est une circonstance de l’histoire qui a eu une conséquence majeure: alors que pendant ces deux décennies – ainsi que tu l’as dit – les élèves de l’Aikikai n’avaient accès aux fameuses bases techniques de leur discipline qu’à travers le nagare d’O Sensei, Saito lui, les a reçues dans le processus même de leur gestation, parce qu’O Sensei avait besoin d’un partenaire pour sa recherche. Et bien que le jeune Morihiro n’ait pas pu alors prendre toute la mesure de ce qui se déroulait sous ses yeux, il n’en est pas moins vrai qu’il a assisté, en sa qualité d’uke, à la naissance d’un art, et à l’accouchement par O Sensei de tous les fondements d’une discipline qui avait rompu tout lien direct avec le Daito-ryu. Tu demandes dans ton interview qu’ « on t’explique les critères » par rapport auxquels s’est répandue l’idée que Saito avait reçu d’O Sensei davantage que d’autres, voilà quelle est mon explication, et je fais partie de ceux qui peuvent revendiquer une certaine légitimité pour parler comme je le fais.

Tu dis ceci dans la phrase la plus pertinente selon moi de ton interview:

C'est par rapport aux principes de l'Aiki qu'on peut être plus ou moins véritable et non par rapport à des personnes, et encore moins par rapport à O Sensei.

Je mettrais principe au singulier, mais avec cette réserve je signe cette phrase des deux mains. Je pense comme toi que c’est seulement par rapport au principe de l’Aiki que la vérité d’une pratique peut être définie. Et c’est seulement dans ce sens que peut être retenue la vérité de l’enseignement de maître Saito. Mais tu m’accorderas en bonne logique que tout jugement est impossible et doit être suspendu tant que le principe de l’Aiki n’a pas été identifié comme tel, sinon le critère même du jugement fait défaut, et chacun n’y va plus que de son opinion, ce qui n’a aucun intérêt.

Quel est donc ce principe ? Tu nous mets sur sa piste:

On ne peut voir ainsi l'Aiki que quand on en connaît le "moteur". Si on ne le connaît pas, alors le sens de ce qui se passe reste invisible (...)

Je suis parfaitement d’accord.

Le moteur, c’est la rotation sur lui-même de l’axe vertical du corps, dont l’image physique est la colonne vertébrale, cette rotation initiale déclenche la rotation des hanches, une vers l’avant, l’autre vers l’arrière, nécessairement. Cette rotation en complémentarité des hanches est une application du principe yin-yang, ce que nous appelons en Aikido irimi- tenkan. Pas d’irimi-tenkan, pas d’Aikido. O Sensei est extrêmement clair à ce sujet au début de « Budo », dans ce premier chapitre essentiel qui pose les fondements de son art, et qui est la clef de tous les chapitres suivants consacrés aux applications techniques. Voilà quel en est le plan:

  1. – Hanmi
  2. – Irimi
  3. – Tai no henka
  4. – Irimi-tenkan

Le principe est tout entier résumé de la sorte, et les indications qui sont données ici sont de toute première importance: elles confirment d’une part la dimension première, fondamentale, de hanmi, ainsi que je l’ai indiqué, et elles montrent assez clairement que hanmi est la condition d’irimi-tenkan.

On met ici le doigt sur le cœur de la problématique qui a éloigné Morihei Ueshiba du Daito- ryu: la position shikaku ne permet pas d’appliquer le principe irimi-tenkan, seule la position hanmi autorise instantanément et en permanence la rotation des hanches en complémentarité. Et voilà bien pourquoi elle est absolument indispensable au début et à la fin du cycle de la technique, voilà pourquoi O Sensei insiste tant sur l’importance de hanmi au début du mouvement (c’est la première phrase de son livre):

Emplissez-vous de ki et prenez la position hanmi — p. 39 de la traduction anglaise

Voilà pourquoi il insiste tout autant sur le caractère essentiel de cette position à la fin du mouvement:

Quand le mouvement se termine, il est essentiel de toujours adopter la position roppo (hanmi). — p. 39 de la traduction anglaise

Roppo est en effet la condition sine qua non d’irimi. L’irimi de l’Aikido n’a rien de commun avec ce qu’on appelle irimi en Daito-ryu, parce que le Daito-ryu n’utilise pas hanmi comme un fondement de l’art. C’est la cause de la rupture d’O Sensei avec cette école, et la raison pour laquelle l’Aikido ne peut pas être confondu avec une pratique de Daito-ryu, fût-elle de haut niveau.

Et d’ailleurs, puisque nous en sommes là, quel koryu, quelle école martiale japonaise traditionnelle utilise donc la position hanmi dans le contexte fondamental défini par O Sensei ? Aucune à ma connaissance.

Tu dis:

Si on veut étudier les armes au Japon, on a l'embarras du choix, on peut même encore directement aller étudier l'école originale Itto-ryu Ono-ha ou bien dans des écoles traditionnelles de bâton qui sont si nombreuses. Il y a les techniques de bâton de Kashima aussi et pourquoi pas ? Toutes celles-ci aussi peuvent construire un bon Aikido.

Non Olivier, on ne peut pas « construire un bon Aikido » sans hanmi. Or tous les arts dont tu parles ignorent ce qu’est la position hanmi telle que définie par O Sensei. On y trouve bien sûr ici où là une position de profil, un waki kamae, un effacement de la jambe, etc., mais rien de tout cela n’a à voir avec le rôle structurel fondateur que joue la position hanmi en Aikido. Et c’est d’ailleurs la raison profonde qui a donné au sabre du Fondateur le caractère atypique qui est le sien, et qui a toujours empêché les maîtres contemporains d’O Sensei de comprendre véritablement ce qu’il faisait.

L’erreur qui consiste à penser que la compréhension de l’Aikido sortira de l’étude des koryu que Morihei Ueshiba a plus ou moins fréquentés avant la fondation de son art, est la conséquence d’une incompréhension de la notion de riai, de l’unité synthétique qui fait de chaque mouvement d’Aikido un membre de la même famille. Ainsi que je l’ai dit plus haut, j’ai commis cette erreur à une époque où je ne savais même pas ce qu’était la position hanmi. J’ai pratiqué Muso Shinden ryu et Katori shinto ryu pour le sabre, et Shindo Muso ryu pour le jo. Or hanmi est absente de ces écoles, comme elle est absente d’Ono-ha Itto ryu et de Yagyu Sinkage ryu. Et sans cette base, aucune unité autour d’un principe commun ne peut apparaître entre les techniques proposées par ces écoles et l’irimi-tenkan de l’Aikido, quand bien même la gestuelle de telle coupe ou de telle pique pourrait laisser voir des points de ressemblance.

Guillaume Erard te pose une question directe sur la pratique des armes de maître Saito à laquelle tu réponds ceci:

Si feu Saïto Sensei avait pratiqué l'école Ono-ha, je n'aurais pas forcément dit qu'il avait raison, mais: qu'il se plaçait dans la droite ligne historique du grand Aiki. [...] Saïto Sensei a pratiqué autre chose, un art des armes fabriqué, concocté par O Sensei pour O Sensei, pour son propre entraînement, dans sa propre démarche personnelle, et qu'O Sensei n'enseigna d'ailleurs lui-même jamais de façon vraiment régulière ou générale à l'ensemble de ses élèves.

Cette analyse est un contre-pied logique. En effet, si Saito avait voulu étudier l’école Ono-ha, il se serait tout naturellement tourné vers un maître de l’Ono-ha. Or Morihei Ueshiba n’était pas un maître de l’Ono-ha et n’enseignait pas cet art, il enseignait l’Aikido. Mais précisément, Saito voulait faire de l’Aikido et n’avait aucune envie de quitter son maître pour étudier une autre discipline. Par quelle étrange démarche Saito, qui servait d’uke à O Sensei pour le ken le jo et le tai jutsu, aurait il bien pu décider que pour apprendre l’Aikido, il lui fallait quitter le Fondateur de l’Aikido auprès de qui il vivait et qui lui enseignait chaque jour ?

« Saito sensei a pratiqué autre chose » dis-tu. Oui, certainement.

Il a pratiqué « un art des armes fabriqué par O Sensei pour O Sensei, pour son propre entraînement, dans sa propre démarche personnelle ». Oui, parfaitement.

Mais cet autre chose, cet art fabriqué par O Sensei porte un nom, cela s’appelle l’Aikido. Et c’est cela qu’Ueshiba a transmis à Saito, au moyen entre autres de l’aiki ken et de l’aiki jo. En vertu de quelle logique Saito, qui avait la chance historique de se trouver là au moment de cette « fabrication » de l’Aikido, aurait-il dû partir étudier une autre discipline pour comprendre son maître ? Au nom d’une lignée historique que les transformations profondes d’O Sensei avaient réduite à peau de chagrin, et en tout cas à des éléments non essentiels ?

Cet art des armes, O Sensei ne l’« enseigna d’ailleurs lui-même jamais de façon vraiment régulière ou générale à l’ensemble de ses élèves ». Oui encore, Olivier, oui bien-sûr, et c’est bien pourquoi il fut si difficile à l’ensemble de ses élèves de comprendre de quoi il s’agissait véritablement, et notamment à l’Aikikai. Et c’est pourquoi aujourd’hui les élèves de ces élèves pensent que cette pratique n’était somme toute qu’une évolution négligeable par rapport aux koryu, une divergence mineure, une digression, et à la limite, comme tu le laisses entendre, une simple méthode d’entraînement.

Il ne faut pas confondre le foisonnement créatif d’O Sensei dans la mise en place de l’Aikido, avec la méthode mise au point par Morihiro Saito pour tenter de mieux comprendre le grand œuvre qui se déroulait sous ses yeux. Je me suis exprimé à ce sujet sur le site TAI, notamment dans les cahiers techniques consacrés à la méthode Saito.

Je suis donc en désaccord total avec cette idée que l’étude des koryu aide à la compréhension de l’Aikido. Comme si la vie entière de maître Ueshiba s’était déroulée dans une continuité ronronnante avec les écoles traditionnelles du Japon, et comme si les Petits Poucets perdus de l’Aikido n’avaient qu’à revenir sur les pas du Fondateur pour retrouver leur chemin et leur bercail. C’est le contraire: la vie tout entière d’O Sensei a consisté à transcender les arts martiaux anciens, en modifiant justement à la racine les bases qui les fondent, pour leur faire produire ce qu’ils n’avaient pas produit jusque là, c’est le sens profond de takemusu. Et le paradoxe, c’est que les bases de ces écoles sont devenues, par cette authentique transformation, un véritable leurre pour quiconque y chercherait une forme d’Aikido fondamental, au prétexte qu’un kiri otoshi ressemble à un autre kiri otoshi, et un kote gaeshi à un autre kote gaeshi. Demande-toi ainsi, Olivier, si « l’autoroute de l’ignorance » que tu stigmatises, ne passerait pas aussi par la démarche qui semble toute tracée, si naturelle et si évidente, de remonter aux sources, dans la mesure où ces sources ne sont plus, depuis la rupture d’O Sensei avec Takeda, qu’un trompe l’œil.

Je pense cela, et pourtant je ne te contredirai pas quand tu dis:

Quel est l'intérêt de l'apprentissage des armes en Aikido sinon pour la mise en place chez le pratiquant des principes fondamentaux de l'Aiki, de ce moteur ?

Car c’est bien de ça qu’il s’agit en effet. Mais j’ai l’impression que nous avons l’un et l’autre une conception différente de ce moteur. Le moteur de l’Aikido n’est pas le moteur du Daito- ryu ou de l’Itto-ryu. Et on ne peut pas reprocher à O Sensei de ne pas avoir insisté, tant dans son livre que dans ses conférences, sur le caractère unique de l’Aikido, irréductible à tout ce qui avait existé jusque là au Japon en matière d’arts martiaux.

Aussi critique que j’ai pu être par le passé envers le Doshu Kisshomaru Ueshiba sur le plan technique, je ne lui ferai pas l’injure de penser que l’engagement qui fut le sien dans la diffusion de l’Aikido au plan international, ait pu être le fruit d’un vulgaire calcul. Je ne te suis donc pas davantage quand tu dis cela:

Lorsqu'O Sensei est mort, un problème de stabilisation et de transmission s'est posé pour l'Aikido en tant qu'art autogène. L'une des façons de faire était de couper avec l'Histoire de l'Aiki-jutsu. C'était évident, car à partir du moment où on pouvait dire: "l'Aikido c'est nouveau, on l'a inventé", on n'avait alors à rendre de comptes à personne.

L’Aikido n’est pas nouveau, l’Aikido est vieux comme l’homme, mais l’Aikido est profondément différent des jutsu classiques, profondément original pour les raisons que j’ai évoquées, et Kisshomaru Ueshiba le savait. Il ne maîtrisait pas tout l’aspect technique, c’est tout. Et je n’aurais jamais critiqué le « package facilement exportable» qu’il a créé comme tu l’expliques pour répondre à l’internationalisation de l’Aikido, et dont je comprends parfaitement la nécessité, s’il l’avait mis au point dans les règles de l’art.

Ainsi, quand je compare une technique exécutée par O Sensei, et la même technique exécutée par son fils dans son « package », je compare bien deux éléments de même nature, contrairement à ce que tu me reproches. Pourquoi Kisshomaru « montrait ce qu’il montrait comme il le montrait » n’a rien à voir avec la raison pour laquelle il a inclus cette technique dans un package à destination du monde. Cette raison est indépendante de la technique en soi, et plus encore de la manière de ce dernier d’exécuter cette technique. En revanche, s’il ne l’exécute pas – à mon avis – selon les règles de l’Aikido, quel meilleur moyen de le montrer que de vérifier la différence avec le plus haut modèle que nous ayons du respect de ces règles: son père ? Il y a un sens à le faire, et que son père ait appris cette technique du Daito-ryu, du Ba Gua Zhang, ou qu’il l’ait inventée, ne change pas la nature de la technique qui est comparée, au moment de la comparaison. Et si « jeu de dupe » il y a, ce n’est pas dans une telle comparaison, c’est dans l’effort qui consiste à la faire passer pour je ne sais quelle « vengeance ». L’Aikikai ne m’a rien fait, et je n’ai à me venger de rien ni de personne, Olivier.

Si j’ai pu donner l’impression de brandir des drapeaux dans le passé, c’était pour bousculer un empire mal fondé et un consensus étouffant, pour soulever un peu la chape de plomb qui pesait il y a une trentaine d’années sur l’enseignement de l’Aikido en France et ailleurs. Je l’ai fait de manière parfois iconoclaste, en égratignant quelques idoles, mais c’est en attaquant à la tête qu’on a une chance de renverser un empire. Je n’ai rien renversé bien sûr, mais cette ignorance de plomb s’est quelque peu fissurée depuis, et la contribution que tu apportes par ton expérience et ta réflexion n’est pas négligeable eu égard à cette évolution.

Je tiens à te remercier pour cela, et pour m’avoir donné l’occasion, dans cette réponse, d’exprimer mes idées sur les différents points que tu soulèves, et qui sont, pour la plupart, le témoignage d’une vision lucide des problèmes de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui l’Aikido moderne, ou plutôt, comme préférait l’appeler maître Arikawa, le budo sportif.

Je t’envoie également mes cordiales salutations.

Philippe Voarino, Cape Clear, 15 Janvier 2015