La Cagne, du côté de la France où je suis né, c’est le nom d’une rivière, c’est aussi dans le Midi le nom du coin destiné au far niente, on s’y prélasse au soleil, sans scrupule. Rien à voir avec la Khâgne, lieu de scrupules au contraire, où l’esprit Khâgneux est formé de bonne heure à la conscience, et parfois aussi – à son insu - à la bonne conscience.
Et mille pardons Milord, ne vous en déplaise je suis cagneux moi aussi, car j’ai fait mes universités à la cagne, mon esprit s’y est formé comme il a pu, au grand air, mon thîronnage y fut buissonnier, je n’ai donc pas de scrupule, et je n’ai pas non plus bonne conscience, mais au moins ça je le sais.
Par un juste retour des choses, à la cagne on apprend à trouver le cagnard. Le cagnard protège du vent mauvais. Et sur un champ de bataille, le vent mauvais souffle de tous côtés. La vie est ce champ de bataille où l’imprévu est omniprésent.
L’Aikido est l’art qui met à l’abri de l’imprévu, c’est l’art du cagnard. Et c’est du cagnard que parle cette vidéo :
Le Fondateur avait une idée juste de l’Aikido. Les pratiquants d’Aikido hélas ne partagent pas son idée, j’en veux pour preuve la contradiction flagrante de leurs déplacements avec les instructions laissées par O Sensei. On vénère la photo du vieux monsieur au décor du kamizama, et l’on fait quelques références vaines à ses paroles incomprises. Et bien pour ma part je préfèrerais qu’on jette au feu son portrait, si seulement en contrepartie on écoutait et on appliquait ses instructions. De Tokyo à Iwama en passant par tous les dojos de la planète, personne ne le fait.
Pourtant aucun mouvement d’Aikido ne peut porter ce nom s’il ne met pas tori systématiquement en sécurité à chaque instant à l’égard de l’imprévu. C’est la règle de survie dans tous les cas de figure. Le déplacement qui permet cela n’est pas le fruit du hasard ou des aléas du combat, il est rigoureux, réglé comme du papier à musique, toujours égal à lui-même - eadem mutata resurgo - et il obéit au schéma suivant :
