Un pratiquant d’Aikido qui a un peu de bouteille a fait plus de cent mille fois dans sa vie le mouvement tai no henka, celui qui débute chaque cours.

Mais il vaut mieux faire cent fois un mouvement juste que cent mille fois un mouvement imparfait.

La petite phrase suivante revenait dans l’enseignement de maître Saito comme un leitmotiv : "zéro plus zéro plus zéro égalent zéro".

Pour qu’un entraînement soit constructif, il faut comprendre ce que fait le corps, et le corps ne fait pas de mouvement approximatif, son mouvement est parfait, régi par les lois de la biodynamique.

Dans la toute première partie de tai no henka, la rotation de la hanche arrière vers l’arrière déclenche la rotation du pied avant, c’est ainsi, et ce mouvement sur place très court suffit au corps pour quitter l’axe d’attaque et pénétrer dans la sphère d’aite en une fraction de seconde.

Pendant ce premier temps de la rotation, le pied arrière ne bouge absolument pas, c’est ensuite seulement qu’il est entraîné vers l’arrière avec la hanche tenkan. Et c’est très bien ainsi, parce que le pied arrière a besoin de temps pour se déplacer, or le temps manque dans l’urgence de l’attaque.

Il n’y a pas d’autre manière de faire tai no henka, pas d’autre "école" : il n’y a qu’une possibilité, parce que le corps est fait comme il est fait, que les lois du mouvement sont ce qu’elles sont, et qu’il n’est dans le pouvoir de personne d’y changer quoi que ce soit.

La part la plus fondamentale de l’entraînement consiste à regarder le corps, à l’écouter, à comprendre ses lois et à les appliquer, aucun mouvement juste n’est possible sans une telle attention, et aucune méthode d’apprentissage ne dispense de cette exigence.