Les six directions extérieures

Les 3 dernières directions extérieures sont initiées par le pied arrière

Direction extérieure n°4

Dans la direction extérieure n°4, aite, l’adversaire, vient de l’arrière :

IMPORTANT : les schémas des directions extérieures 1, 2, et 3 (cf. Déplacement d’O Sensei #5, #6 et #7), sont incomplets. Il faut les revoir à la lumière du schéma ci-dessus de la direction extérieure 4. En effet, ainsi qu’il a été expliqué (cf. Déplacement d’O Sensei #5, #6) : dans les six directions extérieures la hanche irimi est toujours la hanche opposée au pied qui initie le déplacement (cf. Déplacement d’O Sensei #5, #6 et #7). Il est donc nécessaire d’indiquer cette inversion des hanches sur les schémas, comme cela vient d’être fait ici, en finalisant la rotation des hanches et l’alignement de la hanche directrice. Ces modifications seront prises en compte lors d’une refonte future de cette étude fondamentale sur les six directions.

La direction extérieure n°4 est illustrée ici par ce kokyu nage à partir d’une saisie ushiro eri dori (Budo 1938).

On peut vérifier la position hanmi de départ (roppo), l’angle des pieds à 30° au moment de l’irimi, le sens de rotation avec la hanche gauche pour hanche directrice, ainsi que la sortie de la ligne d’attaque.

Ces photos me donnent l’occasion d’expliquer une notion que je n’ai pas clairement énoncée jusqu’à présent et qui est d’une très grande importance pour la compréhension du déplacement d’O Sensei. En effet, il ne faudrait pas s’imaginer que les possibilités offertes par les six directions seraient uniquement la solution de l’Aikido aux attaques de groupe, auxquelles elles seraient en quelque sorte « réservées ».

Ce n’est pas du tout le cas, les six directions sont en réalité la totalité du déplacement de l’Aikido, dans toutes les situations, avec ou sans armes, et quel que soit le nombre d’adversaires.

C’est pourquoi on retrouve nécessairement, dans chaque technique du tai jutsu, l’une ou l’autre, ou plusieurs, des 12 possibilités de déplacement offertes à partir de la position hanmi : yokomen uchi shiho nage par exemple est ainsi construit sur les 5ème et 6ème directions intérieures (cf. Déplacement d’O Sensei #3 et #4 – Erratum : attention les directions intérieures 4 et 5 ont été inversées dans la numérotation), shomen uchi irimi nage est construit sur les directions intérieures 1 et 5 (cf. Déplacement d’O Sensei #1 et #3) etc.

Nota bene : il faut tenir compte à chaque fois de l’inversion de hanmi qui s’effectue en cours de mouvement, qui fait que les directions doivent être appréciées successivement en fonction des hanmi gauche et droit.

Le randori multidirectionnel n’est donc jamais qu’une application particulière du principe de déplacement à laquelle ce dernier n’est pas du tout spécifique.

Ce qui vient d’être expliqué permet de comprendre pourquoi en Aikido le déplacement qui fait naître un mouvement, une forme technique, sur un seul adversaire, reste inchangé et fonctionne de la même manière, et avec la même efficacité, dans le cadre d’une attaque de groupe.

Rien ne change quand on passe d’une attaque unique à une attaque multiple. Le principe n’est pas à géométrie variable, il s’applique – par définition – dans tous les cas et toujours. Sinon, si le moindre élément de l’Aikido pouvait exister indépendamment du principe, alors le principe n’en serait pas un.

L’Aiki de Takemusu est l’activité de ce principe, qui est exprimé par le nombre, par des lois rationnelles, mathématiques. Ce sont en l’occurrence les lois de la géométrie.

Ces lois ne sont pas contestables, elles sont, tout simplement. Elles peuvent être perçues (ou perdues) par l’homme. Et c’est pourquoi les sages chinois y voyaient l’expression tangible et mesurable de la Volonté du Ciel. A travers ces lois s’expriment la régularité et la coordination qui sont les caractéristiques de l’Activité du Ciel, et auxquelles la raison humaine est sensible.

L’homme peut alors suivre la Volonté du Ciel en conformant son mouvement au sien, en déployant son activité en parallèle avec l’Activité du Ciel, c'est-à-dire en se laissant guider dans son microcosme, dans le cycle auquel appartient l’humanité, par les lois qui existent, de toute éternité, dans toutes les hiérarchies de l’univers.

C’est donc par l’effet de la Volonté du Ciel que le pratiquant d’Aikido se déplace comme il doit le faire, en suivant les lois décidées par l’infini, ce n’est pas à cause des choix techniques d’un homme, cet homme fut-il le plus grand expert martial de tous les temps : la grandeur de Ueshiba n’est pas d’avoir « inventé » les lois de l’Aikido, la grandeur de Ueshiba est d’avoir reconnu les lois de l’infini et de s’y être conformé dans le cadre, c'est-à-dire dans les limites, de l’art martial.

On peut dire, dans ce sens, que le déplacement du pratiquant d’Aikido n’est pas d’origine humaine.

Philippe Voarino, juin 2014