Dans sa version pédagogique, le kumitachi n°4 est pratiqué "one to one", en ligne. C’est-à-dire qu’on y fait plusieurs passes d’armes successives avec le même adversaire.

Il y a quatre passes d’armes :

  1. un tsuki (migi),
  2. un chassé du sabre d’uchi vers la gauche,
  3. un tsuki (hidari),
  4. un men uchi (migi).

Maître Saito expliquait que le pas glissé initial pris vers l’arrière au départ de ce kumitachi est nécessaire, parce que sans cela la distance serait très courte (uchi ma), et le premier tsuki transpercerait uchitachi, rendant évidemment impossible un deuxième temps.

Ce recul mutuel des deux adversaires au départ du mouvement est donc un artifice nécessaire à prolonger l’exercice au-delà du premier mouvement, en mettant pour cela entre eux une distance plus importante (chika ma).

Mais alors, puisque uchitachi est normalement mis hors de combat dès le premier temps, quel sens y a-t-il à chasser son sabre sur le deuxième temps ?

Il n’est pas possible de comprendre ce chassé du sabre dans le temps 2 si l’on ne comprend pas que les quatre actions du kumitachi n°4 ne sont quatre actions sur le même partenaire que pour les besoins de l’étude, et que ces quatre actions sont dans la réalité exécutées sur quatre adversaires différents.

C’est cette réalité du mouvement qui est expliquée sur la vidéo.

On comprend alors que le deuxième mouvement, qui ressemble à un chassé du sabre quand il est exécuté contre un seul adversaire et – faute de mieux – sur son sabre, est en réalité une frappe courte sur le bras du second attaquant. L’objectif n’est pas du tout de chasser le sabre d’un adversaire, l’objectif est de couper un bras : le sabre de l’Aikido est "otonashi no ken", le sabre sans bruit, sans contact avec l’arme de l’adversaire.

S’il n’y a pas une vision claire de la forme prise par l’exercice pédagogique en ligne quand il est restitué dans les quatre directions, les erreurs d’interprétations et les déformations sont inévitables. Au combat, ces erreurs étaient autrefois sanctionnées par la mort, aujourd’hui elles font partie des programmes d’enseignement sans que personne ne s’en offusque. J’ai cru comprendre que c’est ce qu’on appelle l’évolution de l’Aikido "moderne".