KUMITACHI #1 + 4 Variations
Maître Morihei Ueshiba, fondateur de l’Aikido, a beaucoup observé les techniques de sabre de l’école Kashima, qui l’ont inspiré dans la période de sa vie où il développait les techniques de l’Aiki-ken.
Mais il ne suffit pas d’étudier Kashima pour comprendre l’Aiki-ken. Le principe qui est à l’œuvre dans le sabre de l’Aikido n’est pas celui du sabre de Kashima. Le premier kumitachi par exemple, utilise bien comme base de travail un exercice qui est au programme de l’école kashima, mais cet exercice est transformé par les lois de l’Aikido au point qu’il en devient méconnaissable.
L’utilisation du principe irimi-tenkan qui est au cœur de l’Aikido, mais qui n’existe pas en Kashima, modifie en effet les entrées du sabre de telle manière que l’on ne parvient presque plus à reconnaître la forme extérieure de cette célèbre école. Tout ce qui ressemble à une opposition, à un blocage, à une protection, à une esquive, tout cela a disparu. En Aiki-ken il n’y a pas de "contre", le concept de"riposte"n’existe pas, les actions respectives d’uchi tachi et d’uke tachi sont simultanées, l’action d’uke tachi n’est pas à proprement parler une réaction, c’est une attaque dans l’attaque. L’Aiki-ken n’est pas une action en défense – la défense est toujours en retard – c’est une entrée offensive au cœur même de l’attaque d’uchi tachi, au cœur même de sa faiblesse en vérité, toute attaque étant une ouverture, toute attaque créant des ouvertures, nécessairement. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la phrase fameuse d’O Sensei : "Vous avez perdu à partir du moment où vous avez l’intention de m’attaquer"
Car dans ces ouvertures entre le mouvement d’Aikido, et entrent notamment les différentes variations du premier kumitachi, démontrées par maître Saito dans cette vidéo.
Sur ce plan, l’Aikido enseigne donc que la seule manière de ne pas perdre est de ne pas vouloir gagner. C’est dans une telle attitude que réside la possibilité de la victoire suprême dont parle O Sensei : "Masagatsu agatsu katsu hayaibi".
Philippe Voarino, octobre 2019.