Nous avons vu, dans le dossier précédent, l’importance d’une attaque franche de la part d’uchi tachi dans le premier temps du premier kumitachi (ichi no tachi). C’est en effet dans l’ouverture créée par cette attaque shomen qu’uke tachi peut entrer.
Mais attention : il n’entre pas en piquant, il entre en coupant.
Uke tachi n’entre pas avec un tsuki pour la gorge, mais avec un gyaku yokomen, une coupe qui traverse la poitrine d’uchi de bas en haut en suivant une diagonale (gyaku kesa giri). Dans cette frappe ascendante, le sabre finit naturellement sa course au-dessus de la tête d’uke tachi, et c’est pour cette raison seulement qu’il se retrouve là. Il monte fièrement jusqu’au sommet de sa courbe, il y est armé, prêt à frapper d’un coup descendant dans la suite du mouvement rotatif. Mais il ne vient pas se recroqueviller au-dessus de la tête en position défensive dans l’idée d’une parade. Cette dernière idée est étrangère à l’Aikido.
La vidéo insiste tout particulièrement sur ce point :
C’est de cette manière que Maître Saito m’a enseigné ce kumitachi, à Iwama pendant des années, il n’a jamais parlé d’un tsuki.
Après lui cependant, l’entrée d’uke tachi a été progressivement modifiée par des professeurs qui n’en comprenaient pas le sens, et qui ont remplacé la frappe gyaku yokomen unique par deux mouvements différents : un tsuki vers la gorge de l’adversaire, immédiatement suivi d’un retrait du sabre vers l’arrière conçu comme une parade, une protection de la tête.
Or le principe de déplacement rotatif de l’Aikido interdit ce genre de mouvement d’arrière vers l’avant puis d’avant vers l’arrière, il interdit tout mouvement de type aller-retour, va-et- vient, ou balancier, parce que d’une rotation ne peuvent naître que des mouvements spiralés, et qui plus est des mouvements spiralés complets.
Si l’idée qu’on puisse se protéger d’une attaque quelconque n’existe pas en Aikido, c’est justement la conséquence de ce principe de déplacement rotatif. Il n’y a ni défense, ni blocage en Aikiken, il n’y a qu’un sabre qui coupe de manière continue, sur la base d’une rotation que l’on ne peut pas interrompre pour repartir en sens contraire. Encore moins peut-il s’y trouver des mouvements de translation, de va-et-vient.