Dans la forme de base du troisième kumijo, "one to one" comme disent les Anglais, il y a un étrange mouvement sur le troisième et dernier temps : uke-jo passe sous le jo d’uchi-jo avant de le piquer à la poitrine.

Il semble que la raison de cette plongée du jo soit une manière d’éviter la tentative de blocage ou de frappe latérale de la part d’uchi-jo. C’est en tout cas ce qui est généralement enseigné dans le cadre de la méthode.

Mais un tel geste semble assez peu vraisemblable dans ce contexte.

Comme je l’écrivais dans le dossier précédent, quand on ne comprend pas quelque chose dans l’enseignement traditionnel, il faut chercher jusqu’à ce qu’on en trouve la raison, car il y a toujours une raison si c’est bien un enseignement traditionnel.

Dans la pratique avec un seul adversaire, on ne trouvera à cette plongée du jo que de mauvaises raisons, ce n’est pas là qu’il faut chercher.

Pour comprendre la nécessité de ce mouvement, il faut placer trois adversaires autour d’uke-jo, et il ne faut ensuite surtout rien changer, il faut suivre fidèlement, mais avec trois attaquants cette fois, le schéma des mouvements successifs appris dans l’exercice de base.

On s’aperçoit alors que l’enchaînement est tel qu’il amène une situation, au troisième temps, dans laquelle le dernier adversaire se trouve en position de piquer le flanc gauche d’uke-jo qui est en hidari hanmi.

Dans cette situation, uke-jo peut très bien frapper uchi-jo à la poitrine, mais il est alors indispensable, s’il choisit cet angle d’attaque, que son jo passe dans un premier temps sous le tsuki d’uchi.

Voilà la raison de ce mouvement qui avait un caractère artificiel avec un seul partenaire, mais qui devient logique et naturel contre trois adversaires.