Kajo #6
O Sensei explique pour la technique ikkyo qu’il est essentiel que le bras d’uke soit maintenu dans un angle droit (page 41 de la version anglaise de Budo). Mais droit avec quoi ? Avec le corps d’uke ? Oui, comme on peut le constater sur les photos d’O Sensei, mais ceci n’est qu’un niveau de réalité élémentaire.
A un niveau de réalité plus fondamental, l’angle à 90° est celui que fait le bras d’uke avec l’angle d’entrée d’ikkyo à 23°.
On ne fait pas un angle droit avec un coté tordu : si l’angle formé par le bras d’uke avec l’angle d’entrée est droit, c’est évidemment parce que le bras d’uke est lui-même droit au moment de la descente et du blocage (il ne l’est pas dans la phase initiale du mouvement). En effet, ikkyo fonctionne seulement si le bras d’uke est en extension, à angle droit au moment de la descente, car ce n’est qu’ainsi que le levier effectué sur son coude est efficace.
La réciproque de cette propriété c’est que le maintien du bras d’uke en extension à angle droit en omote n’est possible qu’à la condition d’entrer dans l’angle de 23°, l’ouverture des pieds étant dans ce cas dans la première direction à 60°.
En effet, si la rotation du corps est plus importante, les pieds ouvrent davantage, jusqu’à atteindre la deuxième direction à 60°, cette rotation plus ample de l’axe de tori a pour conséquence de vriller le bras d’uke, qui ne peut plus à cause de cela être maintenu en extension : la rotation au-delà de la première ligne à 60° a pour effet de courber le bras d’uke, accompagnée et aidée en cela par la saisie du dos de la main dans la forme caractéristique en « enroulement » de nikyo (cf photos d’O Sensei ci-dessous).
Dans cette position de vrille du bras d’uke, les conditions nécessaires à l’application de la technique ikkyo ne sont plus réunies car il n’est plus possible d’exercer de levier direct son coude. Parce que le bras est vrillé, tori doit désormais faire plonger le coude d’uke vers le sol, avant-bras presque vertical (à la grande différence d’ikkyo), ce qui a pour effet de conserver le poignet de ce dernier bloqué à un niveau supérieur. C’est à cause de cette circonstance particulière que l’immobilisation finale de nikyo se fait toujours de la manière caractéristique illustrée par la troisième photo ci-dessous:
Et c’est pour cette raison biomécanique logique que l’immobilisation de nikyo et l’immobilisation d’ikkyo sont différentes. Quand le bras d’uke est plié dans la phase de descente, le moment d’ikkyo est passé. C’est alors, et seulement alors, qu’apparaît le moment de nikyo.
Cette descente du coude d’uke par une rotation plus importante de l’axe de tori et l’immobilisation qui suit s’effectuent donc dans un angle supérieur de 60° à l’angle d’ikkyo omote.
Nous figurons cela sur notre graphique de la manière suivante :
Et nous pouvons désormais ajouter à notre figure un élément supplémentaire :