Voici la fin très classique (7, 8, 9, 10, 11, 12, 13) du kata 13 (Jusan no jo).

L’exercice, tel qu’il est proposé sur cette vidéo, relève en effet du classicisme parfait de la méthode d’enseignement mise au point par maître Saito.

A Iwama, quand il abordait l’enseignement de Jusan no jo, maître Saito tenait parfois le discours suivant, sous la forme d’un mea culpa :

Il demandait tout d’abord qu’on veuille bien l’excuser de n’avoir pu retenir qu’une partie de l’exercice légué par O Sensei, qui était en réalité beaucoup plus long. Et il regrettait alors, devant les uchi deshi présents, que la partie qu’il avait oubliée soit désormais perdue à jamais, puisque personne d’autre que lui ne pouvait en témoigner.

Il expliquait ensuite que c’est lui qui avait imaginé de placer en face de tori un adversaire attaquant systématiquement avec choku tsuki, à l’exclusion de toute autre forme d’attaque. Cet adversaire mono-frappe et monotone n’ayant pas d’autre fonction que de matérialiser une ligne d’attaque, afin de permettre à tori de mémoriser le kata plus facilement grâce au point de repère ainsi fourni.

Maître Saito confiait pour finir qu’il avait mis en place cette méthode à son usage personnel, et que c’est grâce à cette astuce qu’il avait pu retenir les mouvements pratiqués par O Sensei, même si c’était malheureusement de manière incomplète. Il terminait en assurant qu’il n’y avait pas d’autre raison au rôle d’uchi jo que d’être un soutien pour la mémorisation des mouvements du kata.

Ces propos expliquent assez clairement pourquoi il ne peut pas y avoir de réalité martiale dans l’outil pédagogique que l’on appelle Jusan no jo, et que, si réalité martiale il y a, elle doit être recherchée à un autre niveau de l’étude.

Surtout, cela doit permettre de comprendre que l’Aikido ne se trouve pas encore dans l’exercice classique d’apprentissage, que l’Aikido ne peut pas résider dans les formes linéaires de ce qui n’est encore qu’une étude élémentaire.

Enfin cela doit éveiller la conscience à l’idée que l’Aikido n’a pas le caractère de dualité qu’on lui prête à tort quand on ne voit en lui qu’une réponse à une attaque, qu’une défense contre une agression. Je reviendrai plus longuement sur ce dernier point dans le dossier suivant car il a je crois une grande importance.