Exemple : shiho nage.

Il existe en Aikido deux règles importantes :

  • Tout mouvement d’Aikido définit une spirale dans l’espace.
  • Toute spirale entamée doit être menée à son terme.

Autrement dit, il n’est pas possible en Aikido de commencer une spirale, de s’arrêter à la moitié de son parcours, et de repartir dans un sens opposé.

Quand on dit que l’Aikido s’applique en dehors du tatami, dans la vie de tous les jours, en voilà au passage un bon exemple : il est nécessaire de terminer ce qu’on entreprend.

Pourquoi cette règle simple n’est-elle pas appliquée sur shiho nage ?

Il y a une raison essentielle : le mouvement authentique n’est généralement pas enseigné.

Il y a une raison secondaire : le mouvement authentique est destructeur, et la sécurité à l’entraînement rend préférable qu’il soit enseigné sous une forme adoucie.

On observe en effet que shiho nage est enseigné de telle sorte que la rotation qui est engagée dans un sens jusqu’au pivot de tori à 180°, est brutalement inversée au moment de la coupe finale. L’énergie accumulée par la rotation initiale est ainsi annulée au moment où tori devrait normalement la mettre à profit pour finaliser son mouvement. Parvenu au point où il a le bras d’uke au-dessus de sa tête, il arrête en effet sa rotation et coupe en sens contraire à sa rotation initiale, dans un mouvement sans élan, et sans utilisation possible des hanches qui sont bloquées en position hanmi. Cette inversion des hanches est inopportune, mais elle est beaucoup moins traumatisante pour uke car elle lui laisse l’espace nécessaire à la chute.

Cependant, comme on peut le voir sur la vidéo, le principe du déplacement d’Aikido n’est pas respecté dans cette forme d’exécution de la technique. La seule possibilité de faire shiho nage en respectant le principe de déplacement est de mener la spirale à son terme en amenant le pied avant vers l’arrière (en carré) sur la coupe finale.

Philippe Voarino, mars 2016.