A la fin d’un stage, chacun est fatigué. Douze heures d’Aikido en deux jours c’est beaucoup.

Mais c’est parfois dans ces moments d’épuisement, à la fin du week-end, quand toute l’énergie des corps a été lavée par l’entraînement et qu’elle n’est plus un obstacle à rien, que surgit in extremis une question qui fait avancer la connaissance de manière inattendue. 

Merci à Steve qui a posé cette question :

En effet, caché sous un enseignement juste se trouve parfois un enseignement plus important encore.

Chacun a entendu parler des quatre directions de projection de shiho nage (shi = quatre, ho = direction), elles sont expliquées à l’envi, au moins par les professeurs qui ont appris correctement la méthode d’enseignement de Morihiro Saito.

Toutefois, ces directions de projection ne sont que la partie la plus visible de shiho nage. Et il existe quatre directions plus essentielles et moins apparentes. Ce sont les quatre directions des appuis du mouvement lui-même

Il se trouve que la projection shiho nage est caractéristique de ce déplacement en carré, et qu’elle permet en plus de projeter dans quatre directions différentes, c’est pourquoi shiho nage porte ce nom. Mais on retrouve ce même déplacement selon quatre points d’appui successifs dans toutes les techniques d’Aikido, d’ikkyo à yonkyo à shiho nage, en passant par irimi nage, kaiten nage et kote gaeshi.

Il apparaît donc que nous ne sommes pas ici en présence d’un élément spécifique à shiho nage, qui ne se trouverait que dans la technique shiho nage, tout comme irimi n’est pas un élément spécifique à irimi nage qui ne se trouverait que dans la technique irimi nage.

La signification de ceci c’est que le déplacement selon quatre appuis successifs disposés en carré est un élément du principe de déplacement de l’Aikido, il se retrouve donc - de même qu’irimi - dans toute technique d’Aikido. C’est fondamental, et c’est la raison des appuis en kenka goshi au moment de l’action, qui rappelons-le est toujours en shikaku (carré) jamais en sankaku (triangle) : la position hanmi est bien sûr essentielle, mais elle est seulement au départ du mouvement et à sa fin.