La vidéo ci-dessous montre l’application du mouvement dont les détails techniques ont été expliqués dans le dossier "Hito e mi n’est pas une position d’Aikido".
On peut vérifier sur cette vidéo que la première recommandation du texte affiché par le fondateur de l’Aikido en 1931 à l’entrée du vieux Kobukan de Tokyo, le "dojo de l’enfer", n’est pas un aimable conseil d’ordre général qui serait là en guise de précaution. Non, il s’agit là au contraire d’une exigence, et d’une clef fondamentale de l’enseignement de l’Aikido :
Même avec un seul adversaire il ne faut pas uniquement se préoccuper de ce qui est devant, il est nécessaire de pratiquer en étant attentif aux quatre, aux huit directions.
O Sensei Morihei Ueshiba n’écrivait pas pour ne rien dire. S’il a placé délibérément cette consigne en tête de ses recommandations pour l’entraînement, et qu’il a ensuite affiché ce texte à l’entrée de son dojo, c’est que l’enseignement qui se trouve là est de toute première importance.
L’étudiant doit utiliser cet enseignement à la manière d’un guide, qui agira comme un garde-fou dans sa recherche de la vérité technique, et lui évitera de se perdre dans l’océan des imaginations et des interprétations personnelles.
Car le critère qui fait qu’une technique d’Aikido est effectivement une technique d’Aikido n’est pas qu’elle soit efficace contre un adversaire - les arts martiaux sont généralement efficaces contre un seul adversaire - c’est qu’elle soit efficace avec quatre adversaires aussi bien qu’avec avec un seul, et cela systématiquement, et sans qu’il soit besoin de changer quoi que ce soit au mouvement. Si cette condition n’était pas vérifiée, il n’y aurait pas d’unité d’action, autrement dit le Un ne pourrait pas être atteint.
Il suffit de regarder à la lumière de cette connaissance n’importe quelle démonstration d’Aikido avec ou sans armes pour savoir immédiatement si oui ou non on se trouve en présence d’Aikido. Dans la plupart des cas, tori serait mort trois fois si l’on plaçait autour de lui trois adversaires supplémentaires attaquant simultanément. Et on découvre alors que ce qui est donné là pour Aikido est seulement une image véhiculée par un pratiquant qui n’a aucune compréhension des nécessités vitales qui régissaient un champ de bataille au 16ème siècle. L’Aikido, il faut bien comprendre cela, n’est pas un pugilat.
Si l’on ne veut pas se bercer des illusions procurées par l’Aikido "new age" qui est à la mode aujourd’hui, si l’on ne veut pas consacrer une vie d’efforts à repasser vainement un faux-semblant, il faut accepter de suivre la consigne laissée par le Fondateur. Il faut à chaque fois vérifier avec la plus grande rigueur que chacune des techniques que l’on exécute est telle qu’elle réponde aux exigences d’une attaque venue simultanément des quatre directions, et cela même s’il n’y a qu’un seul adversaire :