Si le premier temps de jusan no jo est un tsuki qui transperce l’adversaire de part en part, alors la pointe de la lance doit nécessairement ressortir de son corps pour que le temps suivant de jodan gaeshi soit possible. Pour que la lame puisse ressortir du corps de l’adversaire, il est absolument indispensable qu’uke jo ait un temps de retrait vers l’arrière. C’est ce temps de retrait vers l’arrière qui est marqué dans le suburi tsuki jodan gaeshi, et on comprend alors à quoi il correspond, et sa raison d’être.
Cependant, dans les deux premiers temps de jusan no jo, l’indication qui nous est donnée est au contraire qu’il ne faut pas exécuter ce temps de retrait vers l’arrière, comme nous l’avons vu dans "Au-delà de la méthode #96". Mais s’il ne faut pas marquer ce temps, alors cela implique qu’on ne peut pas non plus piquer avec l’idée de traverser le corps d’uchi jo, sans quoi le deuxième temps tel qu’il est exécuté dans le kata devient impossible. La conclusion logique, si l’on fait confiance aux indications qui nous sont données dans l’exercice de base, c’est que le premier temps de jusan no jo n’est pas une pénétration franche et linéaire du corps d’uchi, mais plutôt un tsuki mâtiné de coupe qui vient seulement trancher la gorge ou l’aisselle d’uchi, et permet alors de continuer immédiatement la rotation jodan gaeshi sans que soit nécessaire un retrait du corps vers l’arrière .
Philippe Voarino, juin 2018.