Pendant longtemps, maître Saito a enseigné le kihon du kumijo n°7 avec contrôle du coude sur le dernier temps.

La variation consistait, elle, à crocheter la jambe sur ce dernier temps au lieu de contrôler le coude. C’est sous cette forme que figure ce kumijo dans le volume 2 de son ouvrage Traditional Aikido publié en 1973, et c’est comme ça que je l’ai appris de lui à Iwama dans les années 80.

La première partie de la vidéo est donc le kihon des années 70 – 80, et la deuxième partie la variation des années 70 – 80.

Dans les années 90, maître Saito a modifié sa méthode sur ce point : il a enseigné la variation sur la jambe en place du kihon et le kihon sur le coude en place de la variation. J’ai expliqué dans « Au-delà de la méthode #51 » la raison de cette inversion, et je renvoie à ce qui est dit dans ce dossier :

La raison de cette inversion apparaît seulement si l’on comprend que le kumijo n°7 n’est pas composé de trois frappes mais de quatre en réalité. Le fauchage de la jambe et le contrôle du coude sont deux aspects du même mouvement : quand l’extrémité gedan du jo fauche la jambe, l’autre extrémité est nécessairement jodan et contrôle alors le coude, mais pas du même adversaire évidemment, ainsi qu’il est démontré dans la vidéo.

Maître Saito était dans l’impossibilité matérielle d’enseigner le mouvement complet dans le cadre de la méthode, puisque ce dernier n’aurait aucun sens avec un seul adversaire (si l’on fauche la jambe d’uchi et qu’il est par terre, on ne peut plus contrôler son coude). Aussi imagina-t-il de décomposer le dernier mouvement, d’enseigner sa première partie comme une base et sa seconde partie comme une variante. Ce faisant, il était parfaitement logique d’enseigner comme base (en option 1) le fauchage de jambe, et comme variante (en option 2) le contrôle du coude, puisque cet ordre est l’ordre chronologique dans lequel se présentent les deux techniques dans la réalité du kumijo exécuté selon les quatre directions, avec plusieurs adversaires.

Notons que se comprend alors au passage cette apparente étrangeté de la méthode : retirer l’extrémité gedan du jo, qui était pourtant (maai) en position de frapper immédiatement uchi, et choisir plutôt de frapper son coude avec l’autre extrémité, au terme d’un parcours bien plus long, et en dépit de toute logique martiale.

Il est une question cependant à laquelle je ne répondrai pas, c’est pourquoi cet ordre logique avait été inversé par maître Saito dans son enseignement des années 1970-80.

Philippe Voarino, février 2017.