Le déplacement d’O Sensei selon les huit pouvoirs (hachi riki), quand il est respecté scrupuleusement, permet de comprendre le rapport qui existe entre les techniques, et autorise une continuité d’action sur des adversaires différents en toute sécurité, ainsi que cela est montré sur la vidéo pour l’un des huit pouvoirs.
Si le déplacement est juste, tout ce qui est nécessaire à l’exécution d’une technique (maai, angle, rotation, déséquilibre, etc.) est en même temps ce qui est nécessaire à l’exécution de l’autre technique. Dans l’exemple de la vidéo, ce sont les techniques uchi kaiten kokyu nage et kote gaeshi qui sont associées.
Il existe ainsi, quelle que soit la technique engagée, une adéquation avec une ou plusieurs autres techniques de l’Aikido. Cette concordance n’est pas une coïncidence, il s’agit d’une donnée constante dans n’importe lequel des quatre angles utilisables par tori (shi kon), chacun de ces quatre angles donnant naissance à deux pouvoirs.
Quand un phénomène survient avec une telle constance, c’est qu’il y a derrière une loi. Cette loi de l’Aikido porte le nom de riai, et l’on comprend alors que riai ne peut avoir un sens réel que dans la mesure où le déplacement d’O Sensei est respecté. Le riai de l’Aikido est bien plus profond que les explications qui en sont données dans les cours de formation pour enseignants, qui le réduisent généralement à quelques similitudes extérieures entre techniques, comme le geste shomen du sabre et le shiho nage du tai jutsu par exemple. Riai est une loi qui peut être démontrée avec les outils de la physique et de la géométrie. Riai n’a pas à voir avec la similitude, qui reste toujours superficielle, mais avec l’analogie.
*Philippe Voarino, octobre 2016.