KUMITACHI N°5 - #4 : le sabre coupe avec la lame mais frappe aussi avec le pommeau
Rappelons ce qui a été dit à propos de l’exercice hidari awase dans « Au-delà de la méthode 42 » :
Uchitachi attaque avec shomen uchi et uke tachi répond avec shomen uchi à gauche. C’est une réponse plus rapide que yokomen uchi, et parfaitement sure dans cette situation, puisque le sabre d’uchitachi ne se trouve pas dans le champ d’uketachi au moment où ce dernier décide de faire shomen. On sait que yokomen est utilisé au contraire quand le sabre d’uchitachi est dans le champ d’uketachi et que shomen est dans ce cas impossible parce qu’il offrirait une ouverture à l’adversaire. Pourquoi alors, dans le premier temps du kumitachi n°5, dans une situation parfaitement identique donc à hidari awase, uketachi fait-il yokomen uchi au lieu de shomen uchi alors que cette technique est plus longue à exécuter et n’est pas exigée par le contexte martial ?
Il n’existe pas de réponse à cette question dans le cadre de la méthode. Il n’est pas possible en effet de comprendre pourquoi faire tantôt shomen et tantôt yokomen si la situation ne change pas. Et en l’occurrence, dans l’exercice en ligne de la méthode, il n’y a pas de changement ou pas de différence si l’on préfère entre hidari awase et le premier temps du kumitachi n°5.
Or c’est une règle constante que rien ne se fasse par hasard ou par fantaisie dans un art martial (et tout spécialement en Aikido) : chaque mouvement est la conséquence d’une logique rigoureuse, biomécanique et stratégique, qui est elle- même issue d’une nécessité martiale initiale. Rien, dans la méthode, ne justifie donc le yokomen d’uketachi au départ du kumitachi n°5, puisque ce dernier devrait en toute logique couper avec shomen uchi dans une telle circonstance, en suivant le modèle de hidari awase.
La logique de ce yokomen existe pourtant, mais pour la comprendre il faut connaître l’application martiale du suburi (un kumitachi n’est jamais qu’un suburi à deux).
On sait que l’application martiale tient toujours compte des quatre directions, qui symbolisent la réalité omniprésente des dangers multiples et simultanés du champ de bataille.
Dans le cas présent, uketachi frappe d’abord avec le pommeau de son sabre l’adversaire qui se trouve à sa gauche. Ce mouvement constitue en même temps le départ du yokomen qu’il va alors terminer en coupant l’adversaire qui attaque dans son dos.
Cette frappe s’effectue évidemment dans le respect du déplacement de pied que nous connaissons bien maintenant, et qui s’effectue dans le cas présent vers le quartier arrière gauche d’uketachi.
Le mouvement en ligne de la méthode (qui ne s’occupe que de l’adversaire qui se trouve devant) a disparu et laissé la place au mouvement réel. Et c’est ce mouvement réel qui permet désormais de comprendre la raison de la coupe yokomen effectuée dans le mouvement en ligne.
La méthode conserve bien tous les aspects du mouvement réel, mais ces derniers sont victimes d’une distorsion inévitable liée à la réduction artificielle d’une réalité martiale circulaire, à un exercice pédagogique en ligne. Cette distorsion les rend parfois incompréhensibles si l’on reste confiné au cadre de la méthode.
Philippe Voarino, juillet 2016.