Dans la méthode de maître Saito, cet exercice, qui porte à l’Aikikai le nom de sokumen irimi nage, doit être réalisé avec une rotation de 180°.
C’est parfait. Un débutant apprend ainsi dans de bonnes conditions à mettre en œuvre une rotation, à abaisser son centre de gravité, et donc à stabiliser ses hanches.
Mais ces conditions de travail sont simplifiées pour les besoins de l’apprentissage. Et on voit sur la vidéo qu’une telle manière de réaliser sokumen irimi nage est inapplicable dans un contexte d’attaque par plusieurs adversaires.
Or nous ne devons jamais oublier cet enseignement d’O Sensei : une technique d’Aikido ne peut pas fonctionner seulement contre un adversaire, elle doit fonctionner – sans qu’on n’y change rien – contre plusieurs adversaires qui attaquent simultanément.
Si la rotation à 180° ne permet pas de répondre à une attaque de groupe, c’est que dans la réalité martiale la rotation doit être continuée jusqu’à 270° : c’est à 270° seulement qu’uke devient léger et qu’il est mis en mouvement, et c’est à 270° seulement que tori quitte la zone des attaques.
La rotation à 270° permet à tori d’exécuter deux choses en un même déplacement : - quitter l’emplacement dangereux de telle manière - qu’uke prenne sa place à cet emplacement dangereux
Cette rotation à 270° – et ceci est important – n’est rien d’autre que celle qui est exécutée couramment par tous les aikidokas dans le mouvement qui porte le nom de tai no henka.
Philippe Voarino, janvier 2016.