Nous avons vu dans «Au-delà de la méthode #15» que les temps 1 et 2 naissent d’une seule et même rotation, et que le temps 2 est la conséquence et la continuité immédiate du yokomen réalisé dans le temps 1.
On pourrait évidemment continuer le yokomen du temps 1 par un large gyaku yokomen traversant sur le deuxième adversaire. Mais en faisant cela, on tournerait alors le dos aux deux adversaires restants, et il ne serait plus possible de terminer ki musubi tel qu’il est conçu, c’est à dire pour répondre à l’attaque simultanée de quatre adversaires.
Il est donc nécessaire de terminer un peu court le gyaku yokomen dès que la deuxième cible est atteinte, afin de pouvoir entrer immédiatement sur le troisième adversaire (comme nous le verrons dans « Au-delà de la méthode #17 »).
Ce freinage final du gyaku yokomen oblige alors le corps à adopter cette position caractéristique du sabre (lame vers le haut), qui ressemble à s’y méprendre à un tsuki.
Si cette frappe est effectivement présentée comme un tsuki dans la méthode c’est qu’il n’est pas possible de comprendre le rapport causal entre le temps 1 et le temps 2 du mouvement dans la version pédagogique en ligne de ki musubi no tachi. Ce rapport causal ne peut se comprendre que dans le contexte de l’utilisation du sabre par des mouvements de rotation du corps.
Il suffirait pourtant de se poser cette question élémentaire quand on pratique la méthode : pourquoi le « tsuki » du temps 2 de ki musubi ne se trouve-t-il dans aucun des sept suburi du ken, pourquoi est-il si différent du tsuki tel qu’il est pratiqué dans les suburi 6 et 7 ?
On chercherait en vain la réponse à cette question dans le domaine de la méthode. C’est l’au-delà de la méthode qui nous l’apporte tout naturellement, par une compréhension plus profonde de la réalité : quand on coupe en rotation, il est possible de terminer un gyaku yokomen à la manière d’un tsuki, et avec le sentiment du tsuki.
Philippe Voarino, octobre 2015.