Quand on parlait à Pierre Chassang du rôle d’uke (uchi tachi dans le cas présent), il répondait invariablement "Uke n’a qu’un seul rôle, c’est de mourir". Il avait parfaitement raison, mais l’avantage du tatami sur le champ de bataille, c’est qu’on peut y mourir plus d’une fois.
Quand uchi meurt dans ichi no tachi, autant qu’il meure noblement, en menant fièrement son attaque, avec énergie et détermination, et en perdant seulement parce que l’univers est plus fort que lui en la personne d’uke tachi.
Une attaque molle et sans consistance est une insulte à l’univers, c’est aussi un manque de respect pour l’adversaire qu’on attaque, car on l’empêche de s’entraîner correctement. Pour être profitable à l’entraînement, l’attaque d’uchi tachi doit fournir une "matière" sur laquelle peut "s’appuyer" uke tachi pour développer ses sensations. Uke tachi doit prendre la coupe d’uchi tachi, mais il peut faire cela uniquement si uchi tachi coupe vraiment.
Chicaner et jouer au bras de fer avec le sabre d’uke tachi quand il n’en est plus temps, à la fin du mouvement, c’est-à-dire après qu’uke tachi ait dans la réalité vaincu, est une incompréhension : ite missa est, quand la messe est dite, quand les prières sont envoyées à Dieu, il n’est plus d’actualité de prier. Couper avec vérité de la part d’uchi tachi veut dire couper franchement, sans retenir sa frappe d’aucune manière, et accepter de perdre tout aussi honnêtement quand uke tachi l’emporte et domine finalement la coupe d’uchi.
A noter : le deuxième temps d’uke tachi n’est ni un blocage ni un shomen, il s’accomplit sans armer beaucoup le sabre, et avec l’idée de tsuki (mais le tsuki n’est pas porté).
Philippe Voarino, mai 2019.
Traduction
Georgian - ქართული