Entre les temps 2 et 3 de san ju ichi no jo, il y a un temps intermédiaire qui n’est pas comptabilisé, et qui est souvent l’objet d’une mauvaise interprétation.
Ce temps consiste à frapper le jo d’uchi. Dans la position où se trouve uke jo au moment où il frappe ainsi, le coup est souvent compris comme une intention d’écarter le jo d’uchi afin de pouvoir exécuter le tsuki suivant (temps 3).
J’ai pratiqué cet exercice des centaines de fois à Iwama sous la direction de maître Morihiro Saito, il n’a jamais donné une telle explication. De même qu’il n’y a pas de parade en Aikido, il n’existe pas non plus de mouvement où l’on écarte délibérément l’arme d’uchi dans un premier temps, afin de pouvoir le frapper dans un deuxième temps. Ce concept est étranger à l’Aikido.
Je me souviens très bien de mes premiers cours d’armes à Iwama, début février 1986. J’avais à l’époque pratiqué l’exercice ci-dessus avec un monsieur que je voyais pour la première fois, Hideo Hirosawa. Ce n’est que bien des années plus tard que j’appris qu’il était, après maître Saito, le deuxième gardien du temple d’Iwama. Il m’a fait comprendre une fois pour toutes la manière de frapper le jo sur cette technique, et la raison pour laquelle il faut le faire ainsi. On doit frapper le jo avec l’idée de couper l’adversaire, et d’armer la frappe suivante (le tsuki du temps 3) dans le temps même de la coupe. Il n’y a aucune intention de dévier le jo d’uchi.
Philippe Voarino, mars 2019.