Rappel important : Dans la méthode de maître Saito, le 1er kumijo est pratiqué en ligne tel qu’on peut le voir exécuté à la fin de la vidéo # 9 (cf. Au-delà de la méthode #9).
La raison de cette pratique en ligne, c’est qu’il est nécessaire, au début de l’apprentissage, de gommer le contexte martial (de même qu’on gomme également la contrainte temporelle) afin d’obtenir la meilleure acquisition possible de la forme des mouvements.
Mais chacun voit bien qu’il n’est pas possible de travailler en ligne avec des adversaires venant de plusieurs directions et attaquant simultanément, ce qui est bien la réalité - et tout le danger justement - d’un contexte martial.
C’est pourquoi, dès que la forme est connue, il faut pratiquer en fonction des quatre directions. Il est nécessaire alors de quitter cette ligne théorique unique qui était seulement la condition de l’apprentissage des formes, pour travailler désormais dans un cercle, en mettant cette fois en œuvre la rotation des hanches, et en tenant compte dorénavant de la réalité martiale.
Cependant, les différentes phases du kumijo, telles qu’elles se suivaient chronologiquement dans l’apprentissage en ligne, sont nécessaires car elles ont une logique profonde dans les quatre directions, et c’est pourquoi elles doivent être scrupuleusement conservées :
- gaeshi tsuki,
- jodan uchi,
- gaeshi uchi,
- renzoku uchikomi
Il ne faut surtout pas les modifier sous prétexte qu’on travaille dans les quatre directions, c’est tout le contraire.
Au-delà de ce rappel, il faut comprendre ceci :
Le travail linéaire est nécessaire, mais c’est un artifice, c’est la réduction de mouvements conçus pour se déployer dans un cercle, mais que l’on oblige à tenir sur une ligne dans un souci pédagogique.
Ce qui est artificiel dans cette réduction, c’est la manière dont on force un mouvement qui n’est pas conçu pour la dimension linéaire, à y entrer malgré tout. Ce tour de force s’effectue au prix de certaines incohérences inévitables liées à l’adéquation impossible d’éléments incompatibles. Les anglais disent : « You don’t fit a square peg in a round hole » (on ne met pas un coin carré dans un trou rond).
Il est cependant un point important : dans cette réduction du mouvement, les frappes et l’ordre chronologique de ces frappes restent inchangés.
Il suffit donc – une fois que la forme technique a été apprise et maîtrisée grâce à l’apprentissage en ligne – de replacer le mouvement dans l’espace circulaire pour lequel il est conçu, afin de retrouver la vérité du mouvement global, du mouvement aiki, c’est à dire du mouvement circulaire autour du principe irimi-tenkan.
Philippe Voarino, septembre 2015.