Selon le moment de l’entrée d’uke tachi dans l’attaque yokomen d’uchi tachi, certaines techniques s’imposent de préférence à d’autres.
Si l’awase est tel qu’uke tachi parvient dans la sphère d’uchi tachi au moment où ce dernier abat son sabre, il est trop tard pour effectuer une saisie du sabre entre les deux mains par-dessous. La saisie du sabre ou de la main droite d’uchi tachi se fera alors en passant par-dessus ses avant-bras, et un certain nombre de techniques sont possibles dans un tel cas.
Il est bien évident que le sabre doit se trouver en position haute pour qu’uke tachi ait une chance de l’attraper par-dessous. Si l’awase est tel qu’uke tachi se trouve en position d’effectuer une telle saisie, alors la projection est possible immédiatement. Il n’est pas nécessaire de passer par l’éducatif de la méthode qui consiste à accompagner le sabre d’uchi tachi dans sa descente pour le remonter ensuite (cf. Au-delà de la méthode #105), puisque le sabre dans ce cas se trouve déjà en haut, et que les corps d’uchi tachi et d’uke tachi sont entre eux dans un angle idéal pour une action immédiate.
L’enseignement est donc le suivant : c’est le momentum de l’awase qui décide quelles techniques sont possibles et quelles techniques ne sont pas possibles. C’est l’awase qui choisit la technique, ce n’est pas uke tachi. C’est pour cette raison qu’il n’est pas possible de choisir avant l’engagement quelle technique sera utilisée. La technique doit naître spontanément d’un ensemble de circonstances qui ne sont pas décidées par l’homme qui exécute cette technique. Si le choix technique n’appartient pas à l’homme, à qui appartient-il alors ? La réponse d’O Sensei est : à la divinité. Les techniques d’Aikido sont divines parce qu’elles sont l’expression d’un choix dans lequel l’humanité n’intervient pas autrement que comme un moyen de l’action. Le geste de l’aikidoka est l’expression d’une impulsion qui ne lui appartient pas et qui le dépasse, comme la musique dépasse le musicien et la peinture le peintre.
C’est en ce sens que l’Aikido est un art.
Philippe Voarino, septembre 2018.