La forme est une prison nécessaire, et il est aussi nécessaire de sortir de prison.
Un mouvement est une succession de formes, c’est une banalité de le dire. Il existe des mouvements dont les formes sont captives d’un ordre mis en place par l’apprentissage. Cet ordre nécessaire à l’étude est un postulat qui interdit toute liberté de mouvement. Le premier kumitachi pourra être répété un million de fois, il sera un million de fois égal à lui-même. On ne se trouvera pas plus libre quand on aura répété un million de fois le même exercice, on sera plus habile dans un travail imposé, ce qui est bien différent.
Il existe en revanche des mouvements dont les formes naissent librement, elles sont produites par la vertu de Takemusu Aiki, et non par la vertu d’une éternelle répétition des mêmes gestes. Pour faire naître ces formes libres et vivantes, il est entendu qu’il a fallu acquérir au préalable les formes pédagogiques artificielles, mais cela ne suffit pas, un saut qualitatif est ensuite nécessaire, c’est une utopie de croire qu’il suffit de répéter indéfiniment des formes conventionnelles pour acquérir un jour la liberté.
Quelle est la nature de ce saut qualitatif ? Voilà la question à laquelle il convient de répondre si l’on veut s’aventurer véritablement au-delà de la méthode.
Philippe Voarino, juillet 2018.