L’Aikido est extraordinaire, mais il n’est pas magique. Il n’y a pas de recette technique universelle. L’Aikido est un équilibre à trouver en permanence, à chaque instant du mouvement. Pour faire comprendre cela, O Sensei utilisait souvent une image empruntée à l’algèbre : 2+8=10, 3+7=10, 4+6=10.
Qu’est-ce que cela veut dire ? Et bien d’abord ceci : 10 représente ici le Un, l’Absolu, le Tout. Aller au-delà de 10 revient à chercher une solution en dehors du Tout, or rien n’existe en dehors du Tout. Si un adversaire déploie une force de 7 dans une attaque shomen par exemple, tenter de lui opposer le même gradient de force revient à faire l’addition suivante : 7+7=14. C’est là quitter le domaine de l’équilibre et de l’harmonie puisque - par définition - aller au-delà de 10 revient à "déborder" des limites de l’Univers, ce qui n’a aucune chance d’arriver évidemment, mais oblige en revanche au conflit avec ce dernier.
L’exemple de la vidéo illustre l’impossibilité de cette situation:
Demeurer à l’inverse en deçà de 10, fournir par exemple une complément de grade 2 à l’attaque de grade 7, c’est également manquer la perfection de l’Univers, car 7+2 n’est pas non plus égal à 10. L’équilibre n’est pas davantage atteint, et une telle situation n’est pas moins que dans le cas précédent une source de conflit avec l’univers.
A une force de grade 7 ne peut donc être opposée et associée qu’une force de grade 3. C’est seulement de la sorte que l’équilibre peut être atteint.
Être l’Univers, c’est parvenir à équilibrer les forces complémentaires dans le mouvement d’Aikido de telle manière que leur somme soit toujours et à tout moment égale à 10, ni plus ni moins.
Le déplacement du corps est le moyen qui permet de réaliser cet équilibre. Ce déplacement porte en Aikido le nom de tai no henka. C’est lui qui permet la division du principe initial indifférencié en deux éléments polarisés (irimi-tenkan), dont le rapport complémentaire permet ensuite l’apparition de la technique.