Qui renonce à rivaliser échappe à toute critique - Lao Tseu

La discipline enseignée de nos jours sous le nom d’Aikido a évolué vers la pratique sportive et ne correspond plus véritablement à l’art créé par O Sensei Morihei Ueshiba. TAI et ITAF sont deux associations complémentaires qui n’acceptent pas cette évolution et qui unissent leurs efforts pour apporter au pratiquant à la fois l’information (TAI) et la structure (ITAF) dont il a besoin pour travailler au plus près de la réalité définie par O Sensei Morihei Ueshiba, fondateur de l’Aikido.

TAI en bref

Takemusu Aiki Intercontinental n’est pas une fédération, elle n’est par conséquent rivale d’aucune fédération nationale ou internationale.

TAI est une association internationale sans but lucratif dont les membres ne sont pas des associations, mais des personnes physiques, adhérents individuels et indépendants, qui sont évidemment libres d’appartenir simultanément à toute autre association d’Aikido de leur choix.

TAI naquit en 1992 comme une réaction naturelle devant le constat suivant :
la discipline qui est enseignée de nos jours sous le nom d’Aikido dans la plupart des dojos du monde ne correspond plus à l’art créé par O Sensei Morihei Ueshiba.

Cet art atteignit sa forme la plus achevée entre les années 1940 et 1960, alors que le Fondateur vivait et s’entraînait à Iwama.

A la question : « comment éviter que ne soit définitivement perdu le patrimoine transmis par Morihei Ueshiba ? », les fondateurs de TAI répondirent de la manière suivante : les responsables de la transmission de l’Aikido sont les professeurs, TAI se consacrera donc à la formation des professeurs afin qu’ils soient en mesure d’enseigner et de transmettre l’Aikido authentique.

Sans doute ce discours semblera-t-il provocant à certains, mais TAI ne cherche pas à caresser dans le sens du poil. A l’heure où de nombreux pratiquants d’Aikido parlent d’évolution au point de faire passer O Sensei pour un vieux monsieur à la technique dépassée, il fallait bien que quelques personnes disent ce qu’elles pensent de ces prétentieuses niaiseries. Personne à ce jour n’a atteint le niveau de pratique du Fondateur. Et ce qu’on appelle aujourd’hui l’évolution de l’Aikido n’est qu’un mot pour tenter de justifier les lacunes et les déficiences techniques de ceux qui l’emploient.

La transformation de l’Aikido en gymnastique d’expression corporelle est déjà grandement avancée sur tous les continents, et les responsables de TAI n’ont pas l’espoir de renverser ce processus. En revanche, ils pensent que TAI peut devenir le point de repère de tous ceux qui s’intéressent véritablement à l’Aikido d’O Sensei.

De TAI à ITAF

L’association TAI a été fondée en 1992 pour certaines raisons liées à l’évolution de ce qu’on appelle l’« Aikido moderne ».

Au fil du temps et du développement de l’association, de nouvelles nécessités sont apparues qui débordaient le cadre des compétences de TAI et son objet initial statutaire. L’ajustement des statuts aux activités nouvelles aurait exigé en réalité une refonte complète de l’association.

C’est un choix différent qui fut fait. Il fut décidé de conserver intacte l’organisation de TAI en recentrant simplement son travail sur les tâches initiales qui étaient les siennes.

En revanche, pour faire face au lourd travail d’organisation de l’enseignement et des examens au niveau international, pour donner une cohésion à la fois technique et administrative à un groupe s’élargissant à un nombre croissant de pays parfois très distants les uns des autres, il fut décidé de créer une véritable Fédération Internationale d’Aikido capable de gérer un volume de travail en augmentation continue.

Cette fédération s’appelle ITAF : International Takemusu Aikido Federation. Ses membres sont les Représentations Nationales ITAF des différentes nations. Il n’y a qu’une seule Représentation Nationale officielle par nation.

Ainsi, les activités de TAI et d’ITAF sont complémentaires. Les deux associations unissent leurs efforts, chacune dans son domaine, pour apporter au pratiquant à la fois l’information et la structure dont il a besoin pour travailler au plus près de la réalité définie par O Sensei Morihei Ueshiba, fondateur de l’Aikido.

Pour comprendre TAI

TAI est une école d’Aikido

C’est une association internationale sans but lucratif, dont les membres sont des individus. Ce n’est pas une union d’associations. Les personnes qui gèrent l’association sont bénévoles, elles ne perçoivent pas de rémunération dans le cadre de leurs fonctions associatives.

TAI fut créée en septembre 1992 pour la raison suivante :

Dans le monde moderne, l’Aikido s’est développé sous la forme d’un sport. Or l’Aikido n’est pas un sport.
Le fondateur de l’Aikido O Sensei Morihei UESHIBA l’a énoncé clairement en 1938 dans son livre BUDO :

Aujourd’hui la pratique sportive est largement répandue. Elle est excellente pour l’exercice physique. Le guerrier aussi entraîne son corps, mais il utilise cet entraînement du corps comme un moyen de développement spirituel, d’apaisement de son esprit et de découverte des vertus de bonté et de beauté, dimensions qui font défaut à la pratique sportive.

Par le travail effectué sur le corps au moyen de l’Aikido, il est proposé de développer l’esprit.

Développer l’esprit au moyen du corps en pratiquant l’Aikido est impossible si on ne retient de cet art que son apparence sportive ou si on le limite à l’exécution de techniques de combat.

La technique est indispensable, mais ce n’est pas une fin, c’est un moyen qui donne accès à la véritable dimension de l’Aikido. L’Aikido est au-delà de la technique. La transformation de l’Aikido en sport s’est accompagnée d’une modification profonde des techniques originales élaborées par le Fondateur, et le pratiquant moderne répète désormais une gestuelle déformée dont le sens est absent.

Le Fondateur unifia sous le nom d’Aikido des techniques d’armes appelées aiki-ken et aiki-jo, et des techniques à mains nues.

Pour des raisons liées à l’histoire de la discipline, les professeurs japonais qui émigrèrent et firent connaître l’Aikido en dehors du Japon à partir des années 1950, ignoraient la pratique de l’aiki-ken et de l’aiki-jo. Ils enseignèrent donc une version de l’Aikido dans laquelle les techniques d’armes n’étaient pas enseignées ou étaient empruntées à des disciplines sans rapport avec l’Aikido.

Il se trouve que l’art d’O Sensei est une synthèse. Une synthèse ne peut pas se réduire à l’un de ses éléments, et peut encore moins s’accommoder d’une addition d’éléments disparates empruntés ici et là à des écoles différentes, aussi respectables soient-elles.

Il convient, à cet égard, de rappeler la grande différence qui existe entre la synthèse et le syncrétisme :

Le syncrétisme consiste à rassembler du dehors des éléments plus ou moins disparates et qui, vus de cette façon, ne peuvent jamais être vraiment unifiés ; ce n’est en somme qu’une sorte d’éclectisme, avec tout ce que celui-ci comporte toujours de fragmentaire et d’incohérent. C’est là quelque chose de purement extérieur et superficiel ; les éléments pris de tous côtés et réunis ainsi artificiellement n’ont jamais que le caractère d’emprunts, incapables de s’intégrer effectivement dans une doctrine digne de ce nom.
La synthèse, au contraire, s’effectue essentiellement du dedans ; nous voulons dire par là qu’elle consiste proprement à envisager les choses dans l’unité de leur principe même, à voir comment elles dérivent et dépendent de ce principe, et à les unir ainsi, ou plutôt à prendre conscience de leur union réelle, en vertu d’un lien tout intérieur, inhérent à ce qu’il y a de plus profond dans leur nature.
- René Guenon, « Le symbolisme de la croix »

Les éléments techniques propres à l’Aikido sont unis en vertu d’un lien de cohésion interne. Cette relation porte en Japonais le nom de « riai ». Ce lien est inhérent à la nature même du principe harmonieux autour duquel l’art fut synthétisé par O Sensei. Et cette homogénéité, par essence même, de la technique exclut toute addition d’éléments disparates impossibles à rapporter au principe d’organisation de l’Aikido.

La technique, en Aikido, ne peut donc être interprétée au gré de l’opinion des uns et du sentiment des autres. Seule la vision claire de la réalité du lien qui unit entre eux les différents mouvements (avec ou sans armes) en les reliant au principe, empêche que l’on s’égare dans des interprétations et des ajouts incohérents. L’évolution moderne de l’Aikido est à cet égard sans issue.

A sa mort en 1969, O Sensei Morihei UESHIBA désigna, comme successeur à la tête de son dojo d’Iwama, le seul de ses élèves qui reçut une formation complète dans le domaine des armes de l’Aikido : Morihiro SAITO.

Morihiro SAITO Sensei fut conscient très tôt du problème lié à l’évolution sportive de l’Aikido, au Japon même. Dès le début des années 1960, il demanda au Fondateur l’autorisation de mettre au point une méthode d’enseignement susceptible de préserver les techniques originales de l’Aikido, afin d’éviter que l’art tout entier n’évolue vers une chorégraphie aux figures et aux pas stériles.

O Sensei accepta clairement la mise en place de cette méthode que Morihiro SAITO utilisa, entre les années 1960 et sa mort en 2002, pour former des professeurs qualifiés.

Certains des fondateurs de TAI furent uchi deshi, c’est-à-dire élèves internes, auprès de Maître SAITO, à Iwama, au Japon, au cours de cette période.

La formation qu’ils reçurent pendant ces années explique certains choix pédagogiques et méthodologiques de l’association, et notamment le fait que TAI s’efforce de promouvoir un enseignement soucieux de mettre en évidence le principe qui unit entre elles les techniques d’armes et les techniques à mains nues de l’Aikido.

Le Fondateur expliqua à maintes reprises que l’Aikido était une manifestation de TAKEMUSU :

Takemusu est l’harmonisation du feu et de l’eau de la création. Cette interaction est la source des techniques absolues de l’Aikido.
- Morihei UESHIBA, Dôka 12

De telles paroles sont évidemment incompréhensibles pour celui qui se contente de les lire. Le sens n’apparaît progressivement qu’avec les années de pratique.

L’Aikido n’est pas un loisir, c’est un travail. L’individu doit utiliser la pratique de l’Aikido pour travailler sur son corps afin de transformer, en lui, ce qui doit être transformé pour que l’esprit s’ouvre à une vision du monde qu’il ne possède pas a priori.

Il y a une relation, entre le corps et l’esprit, de la nature de celle qu’évoque l’anthropologue Henri de Lumley quand il explique que la pensée a jailli du dialogue entre la main et le cerveau. C’est ce travail Aikido, conforme au principe de TAKEMUSU, que TAKEMUSU AIKI INTERCONTINENTAL se propose d’organiser.

L’Aikido se transmet normalement de maître à disciple, au sein d’un petit groupe humain où chacun vit au contact quotidien du maître.

Ces conditions idéales de transmission ne sont pas celles de la société moderne - au Japon comme ailleurs - qui favorise la constitution d’organismes sociaux de grande dimension. Certaines fédérations d’Aikido, gérées comme des administrations, comptent plusieurs dizaines de milliers de membres.

Les fondateurs de TAI estiment que ces structures ne sont pas adaptées à la transmission de l’Aikido. C’est pourquoi ils ont choisi un modèle d’organisation et de transmission de l’Aikido différent, privilégiant d’autres critères que ceux qui sont généralement acceptés et font référence aujourd’hui.

L’organe central de TAI est un Collège international

Composé d’un petit nombre de sages ayant tous une grande expérience de l’Aikido, qui prennent leurs décisions de manière démocratique.

Objet de l'association

L’objet social de TAI tel qu’il est repris dans les statuts de l’association. Cette association a pour référence unique l’Aikido traditionnel fondé par Morihei UESHIBA, et défini par lui comme la manifestation de Takemusu.

Objet

La transmission d’une connaissance authentique de l’Aikido aux générations futures dépend de la bonne formation des enseignants.

L’objectif de TAI est donc d’organiser - au niveau international - la formation des professeurs d’Aikido quant aux aspects techniques et spirituels de la discipline, ainsi que de les aider dans l’exercice de leur mission, en utilisant à ces fins les moyens suivants :

  1. Conception, coordination, mise en œuvre et administration d’une politique internationale d’enseignement de l’Aikido.
  2. Promotion de cet enseignement par :
    - l’organisation de stages, séminaires de formation, démonstrations, conférences,toutes manifestations et missions d’experts ;
    - la conception, l’édition et la diffusion de brochures, magazines, livres et généralement tous documents imprimés, audio visuels ou numériques ;
    - la constitution de toutes commissions techniques ou autres touchant à l’enseignement et à la diffusion de l’Aikido ;
    - la création, la construction, l’administration, l’utilisation de centres consacrés à l’étude de l’Aikido ;
    - l’accomplissement généralement de tous actes, de toutes opérations, de toutes activités susceptibles de concourir à la transmission de l’Aikido de Morihei UESHIBA, dans le respect des lois et en s’interdisant toute discrimination morale, politique, raciale ou confessionnelle ;
    - la fusion avec d’autres associations, l’absorption d’associations ayant un objet compatible.
  3. Protection des intérêts communs de ses membres et représentation de ces intérêts auprès des associations, des organisations et généralement de toutes instances nationales ou internationales.