Les six directions intérieures

Les 3 dernières directions intérieures sont initiées par le pied arrière

Direction intérieure n°4

Nous avons fait une découverte étonnante dans Déplacement d’O Sensei #2.

Bien que Morihei Ueshiba ne parle dans Budo que de six directions (roppo), et jamais d’angle de 60°, bien que la traduction de John Stevens, supervisée par Rinjiro Shirata, introduise un angle de 60° qui n’apparaît pourtant jamais dans le texte original japonais (cf. Déplacement d’O Sensei #1), les six directions dont parle le fondateur de l’Aikido sont tout de même en rapport avec l’angle de 60°.

En effet, les six directions (intérieures ou extérieures) sont en rapport avec la rotation du corps autour du point central qu’est l’intersection de la croix au sol. Nous l’avons déjà vu pour les trois premières directions, et la suite de ces dossiers en sera la confirmation.
Par cette rotation, le corps humain dessine un cercle parfait dans l’espace, au cours de son déplacement aiki irimi.

Les six directions sont donc réparties harmonieusement dans ce cercle virtuel dont le centre
créateur est l’homme.

Or il n’existe pas d’autre possibilité qu’un cercle soit divisé en six parties égales sinon au moyen de l’angle de 60°.

Ceci est une nécessité géométrique qui doit normalement être bien comprise depuis l’étude des Kajo.

Voilà pourquoi la position hanmi est si importante : c’est l’origine, le cœur de la création, la cellule primordiale dans laquelle est gravé comme un génome le plan de tout ce qui doit être manifesté.

Pour comprendre, il suffit de ne pas commettre l’erreur classique de penser que ces 60°mesurent l’angle entre l’axe du pied avant et l’axe du pied arrière.

En effet, les 60° ne sont pas définis par la différence entre le pied avant et le pied arrière, ils sont définis, dans une structure plus complexe, par l’angle que fait l’axe du pied arrière avec l’axe perpendiculaire à la direction du corps (cf. figure ci-dessous).

L’angle entre le pied avant et le pied arrière ne peut plus, dès lors, qu’obéir aux lois de la géométrie : la somme des angles d’un triangle est de 180°, il y a ici un angle à 90° et un angle à 60°, l’angle restant est donc nécessairement de 30°.

Les deux angles de 30° et de 60°, complémentaires entre eux, font apparaître l’angle droit du triangle rectangle. Or nous avons vu dans L’homme de Vitruve #4, comment le cercle est littéralement créé par la mise en rotation du triangle rectangle.

La conformité du déplacement de ses pieds avec les lois du triangle rectangle, permet donc à l’homme de dessiner un cercle parfait avec son corps, en empruntant les six directions issues de la division naturelle et éternelle du cercle par l’angle de 60°.
C’est la danse sacrée dont parle O Sensei : furumai. Elle est issue de la géométrie sacrée.

Voilà pourquoi la position de l’Aikido (hanmi, la garde, le kamae), et la forme du mouvement (hito e mi), sont étroitement liées à l’angle de 60° : parce que cet angle est le trait d’union entre le triangle rectangle et le cercle.

Si ce n’était pas le cas, il ne serait pas possible à l’homme d’emprunter les six directions en conformité avec le principe irimi de l’aiki, c'est-à-dire en harmonie avec l’univers.

Le respect de l’angle de 60° dans le kamae et dans les déplacements est une loi fondamentale de l’Aikido, parce que c’est une loi de l’univers. C’est un des messages inscrits par Léonard de Vinci dans son célèbre croquis (cf. L’homme de Vitruve #5).

30 ° est la moitié de 60°, 90° est la somme de 60° et de 30°, 120° est le double de 60° :
la garde hanmi de l’Aikido et les mouvements qui en découlent sont étroitement liés à l’angle de 60° et en dépendent.

L’angle de 60° est la clef géométrique qui permet de réunir dans une même rotation le triangle, le carré et le cercle.

Le déplacement d’Aikido est fondé sur des lois géométriques d’une rigueur absolue. Faute de comprendre ces lois et de les respecter, il est impossible de repérer les six directions, et impossible de se déplacer correctement dans ces six directions, impossible donc de réaliser le principe d’irimi, impossible par conséquent de faire de l’Aikido.

Dans la direction intérieure n°4, aite, l’adversaire, vient de face :

Cette direction intérieure n°4, qui est initiée par le pied arrière, est parfaitement symétrique à la direction intérieure n° 1 (cf. Déplacement d’O Sensei #1), qui est initiée, elle, par le pied avant. L’axe de symétrie passe par le centre de la croix au sol.

Philippe Voarino, mai 2014