Le début de jusan no jo n’est rien d’autre que le suburi tsuki jodan gaeshi uchi. Mais il se trouve que ce suburi, qui est normalement pratiqué en trois temps, est pratiqué en deux temps dans le kata des 13 frappes (le temps de retrait vers l’arrière n’est pas marqué).
Par méconnaissance de cette différence, Christian Tissier avait transformé le kata des 13 frappes enseigné par maître Saito en kata des 14 frappes (il avait ajouté le retrait vers l’arrière) dans un ouvrage de jeunesse publié à la SEDIREP en 1983 :
Le temps 2 ne correspond donc pas à un retrait vers l’arrière comme ci-dessus, mais à la frappe yokomen, qui est du coup comptée 3 par erreur ci-dessus. C’est une anecdote sans grande importance, toutefois cette divergence manque un aspect de l’enseignement auquel maître Saito tenait beaucoup : la suppression du retrait vers l’arrière dans tsuki jodan gaeshi uchi permet de comprendre l’action irimi-tenkan des hanches. Cette action rotative y est en effet très nette, alors qu’elle est invisible quand le retrait vers l’arrière est pratiqué.
Comme cela est expliqué sur la vidéo, ce qui permet d’augmenter la puissance et la vitesse d’exécution du mouvement tel qu’il est pratiqué dans le kata des 13 frappes, n’est pas une plus ou moins grande vélocité ou dextérité des bras, c’est une bonne compréhension et une bonne utilisation du principe irimi-tenkan par lequel les deux hanches travaillent en synergie, l’une vers l’avant, l’autre vers l’arrière. Cette bonne compréhension passe par la vision claire que tout travail tenkan d’une hanche implique nécessairement l’ouverture du corps en hito e mi du côté de cette hanche.
Philippe Voarino, juin 2018.