La frappe gaeshi tsuki ne s’effectue pas en position hanmi, elle commence en position hanmi, et elle se termineen position hanmi, ce qui est bien différent.

A partir de la position hanmi, la rotation du corps amène les pieds dans une position carrée que l’on peut nettement voir sur la vidéo. Cette position correspond au temps de la frappe, et c’est bien cette position que l’on trouve sur les photos d’O Sensei au moment de la frappe gaeshi tsuki (cf. « Le déplacement d’O Sensei #1 »), et pas du tout la position hanmi :

Bien sûr la position hanmi sera finalement retrouvée, mais seulement après la frappe.

La raison fondamentale qui empêche de frapper gaeshi tsuki en hanmi, c’est qu’en prenant la position hanmi, la hanche droite s’efface vers l’arrière. Or cet effacement vers l’arrière a deux conséquences majeures, inévitables :

  1. Il rend impossible toute rotation des hanches autour de l’axe,
  2. Il éloigne mécaniquement le jo du point d’impact, ce qui est le contraire de l’action recherchée.

Je ne conteste pas que Morihiro Saito enseignait la frappe gaeshi tsuki en position hanmi dans sa méthode. C’est ainsi que je l’ai apprise de lui, ainsi que je l’ai moi-même longtemps enseignée, et ainsi que je continue à le faire dans le cadre de la méthode.

En revanche, dès que maître Saito quittait le cadre scolaire de sa pédagogie, il frappait gaeshi tsuki exactement comme O Sensei, c’est à dire les pieds en carré, et pas du tout en position hanmi.

Je peux témoigner qu’à Iwama, dans les années 1980, j’ai vu personnellement maître Saito pratiquer de la sorte à plusieurs reprises. Mais comme je sais bien que ma parole ne suffira pas à convaincre tous ceux qui pensent que l’Aikido est tout entier dans la méthode, voici la preuve incontestable, par l’image, de cette réalité.

Le gaeshi tsuki du clip est effectué en 1979 devant l’Aiki Jinja d’Iwama, et on peut vérifier que maître Saito frappe par une rotation des hanches autour de l’axe, cette rotation lui fait adopter une position carrée, et absolument pas une position hanmi.

Philippe Voarino, août 2015