A partir de la position tsuki no kamae (hidari hanmi), qui est la position de départ du 8ème kumijo, c’est donc le pied avant (gauche) qui bouge le premier pour aller dans le quart arrière de tori.

Cette rotation vers l’arrière permet deux choses en même temps : entrer dans le cercle des attaquants en quittant ainsi la position exposée, et traverser dans le même mouvement la gorge de l’adversaire qui vient sur la gauche, ce qui correspond au premier temps du kumijo de base pratiqué en ligne dans la méthode (que l’on compare bien, à ce stade précis, la position des pieds entre la forme d ‘étude et la forme réelle !).

En redescendant dans la deuxième partie de sa spirale, la pointe du jo arrive telle un métronome entre les deux avant-bras de l’adversaire arrière (c’est la volonté du Ciel qui la fait arriver là, et tout autre mouvement tel qu’attaquer cet adversaire à la gorge, viendrait parasiter l’action parfaite de l’univers, qui ne dépend pas à proprement parler de la volonté de tori. Dans le même temps, le pied arrière (droit) trouve sa position en carré avec le pied gauche.

Il suffit alors de continuer la rotation qui va amener une nouvelle fois le pied gauche vers l’arrière (en carré avec le pied droit) pour entraîner uchi jo dans son déséquilibre latéral avec une puissance considérable née du pivot irimi-tenkan des hanches de tori, et terminer dans ce mouvement la spirale du jo qui projette cet adversaire arrière vers les deux adversaires restants.

IMPORTANT : Le mouvement d’Aikido est tel qu’uke est toujours, dans toutes les situations, projeté vers les adversaires restants. Mais attention : pas par choix de tori. Que cela gêne les attaquants est une évidence, mais la gêne occasionnée n’est qu’une conséquence du mouvement lui-même quand il est appliqué dans le respect du principe. Et c’est bien cette nécessité qui est tout à fait étonnante, comme si quelque chose s’accomplissait à travers l’homme, mais qui ne dépende pas vraiment de lui, une action parfaite, venue du cœur de l’univers, et qui utiliserait l’homme comme un véhicule.

Philippe Voarino, mai 2016.