La première frappe du suburi linéaire (cf. « Au-delà de la méthode #1) ressemblait fort à un blocage gedan du sabre d’uchi tachi, ce que l’on pouvait trouver contradictoire avec l’enseignement d’O Sensei expliquant qu’il n’y a ni protection ni parade en Aikido. Le travail dans les quatre directions permet désormais de comprendre qu’il ne s’agit pas du tout de se protéger du sabre d’uchi tachi : ce qui semblait un blocage gedan est en réalité une coupe au genou, et pas nécessairement au genou de l’adversaire qui se trouve en face de soi.

La deuxième frappe d’uke tachi, qui vise l’avant-bras d’uchi tachi, pouvait à bon droit sembler étrange et inconfortable dans le suburi linéaire, dans la mesure où elle s’effectue dangereusement devant le sabre menaçant d’uchi tachi en position gedan. Ce problème disparaît également dans la rotation selon les quatre directions, comme on peut le voir sur la vidéo # 2 qui montre les mêmes deux premiers temps du kumitachi linéaire, mais rapportés cette fois à une action selon les quatre directions.

Bien que nous ne soyons encore qu’au tout début de cette série de dossiers techniques, il faut déjà voir plusieurs choses ici:

  1. – La coupe en rotation permet de quitter le point de convergence des attaques multiples, ce que ne permet pas le suburi linéaire.
  2. – La coupe en rotation touche deux adversaires (au lieu d’un dans le suburi linéaire) parce que les « deux »  frappes s’effectuent en un seul mouvement et un seul temps. Cette rapidité d’exécution ne peut pas être atteinte dans le suburi linéaire, parce que la nécessité de la logique interne de ce dernier exercice exige que les deux actions de coupe soient réalisées en deux temps et en deux mouvements.
  3. – Or c’est justement la pénétration du cercle des attaquants au moyen de la rotation foudroyante dont nous parlons, qui porte en Aikido le nom d’irimi. Comme une telle rotation n’existe pas dans le suburi linéaire, qui est conçu, ainsi que l’indique son nom, pour se déplacer d’avant en arrière ou d’arrière en avant selon une ligne, cela revient à dire qu’il n’y a pas d’irimi, au sens très particulier que l’Aikido donne à ce mot, dans le suburi linéaire.

La notion d’irimi ne peut apparaître qu’avec le travail dans les quatre directions. La compréhension de ce point est fondamentale.

Philippe Voarino, mai 2015