L’exercice qui est illustré sur la vidéo suivante porte le nom de ni no tachi dans la méthode de maître Saito. Il faut le voir comme un suburi : un suburi qui se pratique à deux mais un suburi quand même.

Une caractéristique essentielle du suburi est qu’il s’effectue sur une ligne, sans tenir aucun compte du danger venant potentiellement et simultanément des quatre directions. Uketachi ne se préoccupe que de l’adversaire qui se trouve en face de lui, et c’est donc partenaire que je devrais plutôt écrire ici.

C’est bien normal puisque cet exercice n’a rien à voir avec un combat.
Il s’agit seulement à ce stade d’une étude visant à développer deux qualités :

  1. – Une forme juste (shisei/kokyu)
  2. – Une compréhension de l’awase (kamae/maai), c’est à dire une capacité à s’harmoniser avec un autre mouvement et une autre énergie que la sienne.

L’exercice doit être exécuté avec concentration et détermination (zanchin), mais aucune rapidité d’exécution n’est requise, et maître Saito interdisait d’ailleurs toute forme de vitesse à l’entraînement, il entrait dans des colères légendaires quand les élèves pratiquaient trop vite. La raison de cela c’est qu’on fait fausse route, et qu’on perd son temps, si l’on cherche une réalité martiale dans la pratique linéaire. L’idée que l’on puisse enchaîner plusieurs passes d’armes avec le même adversaire est totalement étrangère à l’Aikido.

Aussi ne doit-on pas encore parler d’Aikido à ce stade, mais plutôt d’étude préparatoire à l’Aikido. Cependant, la parfaite connaissance de l’exercice sous cette forme est nécessaire pour accéder au stade suivant de la pratique, c’est à dire à l’Aikido à proprement parler. C’est le pari en tout cas que fait le système d’enseignement méthodologique élaboré par maître Saito.

Philippe Voarino, mai 2015.